Commenttransmettre son histoire, son passé, sa culture ?-----« Fils unique, j'ai longtemps eu un frÚre. Il fallait me croire sur parole quand je servais cette fable à mes

Pourquoi et comment intĂ©grer un nouveau collaborateur ? PubliĂ© le 17/10/2017 par l'Ă©quipe de Manager GO! L’intĂ©gration d’un nouveau salariĂ© est la derniĂšre phase de votre processus de recrutement. C’est une Ă©tape cruciale pour crĂ©er du lien et fidĂ©liser votre nouvelle recrue Ă  votre culture d’entreprise. Des conseils pratiques pour rĂ©ussir cette phase. Il est paradoxal de dĂ©penser un budget consĂ©quent pour trouver la perle rare puis nĂ©gliger son arrivĂ©e. Dans le contexte actuel, la fidĂ©lisation d'un collaborateur devrait ĂȘtre au cƓur des prioritĂ©s. Et elle commence par l'accueil de ce rendre ce processus efficace on parle aussi d' " Onboarding ", il faut l'organiser en concevant un parcours d’intĂ©gration pour le nouvel arrivant . L'objectif est qu'il prenne connaissance de - l'entreprise et son personnel, sa culture , soit l'environnement gĂ©nĂ©ral Ă  partir d'une visite, d'une formation/prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale. - ses futures relations de travail et l'Ă©quipe dont il fera partie rencontres, accompagnement/observation de certains collĂšgues dans l'exercice de leur activitĂ©... - son poste et ses missions approfondissement avec son manager hiĂ©rarchique direct, passation des informations dans le cadre d'un remplacement, etc. En procĂ©dant ainsi, vous donnez le maximum de chance au nouvel embauchĂ© de rĂ©ussir sa prise de poste Ă  travers une intĂ©gration parfaitement maĂźtrisĂ©e Les Ă©tapes clĂ©s d'une procĂ©dure d'intĂ©gration Il ne s’agit donc pas simplement d’accueillir votre nouvel arrivant et de l’installer directement Ă  son poste de travail. Une bonne intĂ©gration s’anticipe et se prĂ©pare, en voici les principales clĂ©s. PrĂ©parer l’arrivĂ©e En premier lieu, il est primordial de prĂ©venir les Ă©quipes concernĂ©es avant l’arrivĂ©e du salariĂ© dans les locaux . En effet, rien n’est plus dĂ©plaisant pour un nouvel arrivant que de sentir que ses nouveaux collĂšgues n’ont pas Ă©tĂ© informĂ©s de sa venue. Afin d’éviter tout malaise, vous pouvez prĂ©parer un mail informant tous les collaborateurs touchĂ©s de prĂšs ou de loin par cette intĂ©gration. Important pensez bien Ă  prĂ©venir les fonctions supports RH, comptabilitĂ©, service informatique, service communication qui seront forcĂ©ment amenĂ©es Ă  traiter avec ce collaborateur. PrĂ©parer l’espace de travail Assurez-vous que son espace de travail soit prĂȘt et qu’il ne manque de rien. Posez-vous les bonnes questions en amont pour ne pas vous retrouver en difficultĂ© le jour J. De quelles fournitures a-t-il besoin ? Son ordinateur est-il configurĂ© pour son arrivĂ©e ? Son bureau est-il propre et rangĂ© ? A-t-il Ă  sa disposition tous les outils et documents permettant de faciliter sa prise de poste ? RĂ©gler les dĂ©tails administratifs D’un point de vue administratif, validez que tout est au point avant l’arrivĂ©e de votre collaborateur. - le contrat a bien Ă©tĂ© signĂ© - Un RIB vous a Ă©tĂ© fourni - Vous avez en votre possession les diplĂŽmes de votre nouvel arrivant - On vous a communiquĂ© les personnes Ă  contacter en cas d’urgence - Le certificat de travail de ses anciens employeurs vous a Ă©tĂ© transmis - La mutuelle d’entreprise a Ă©tĂ© proposĂ©e au salariĂ© Conseils - n’hĂ©sitez pas Ă  vous crĂ©er une TO DO LIST de maniĂšre Ă  ne rien oublier. - pour personnaliser son accueil, faites signer une carte de bienvenue aux membres de sa future Ă©quipe. Cette dĂ©marche permet au salariĂ© d’avoir, dĂšs le jour de son arrivĂ©e, un sentiment d’appartenance, et donc de le mettre en confiance. Avant le jour de son intĂ©gration, dĂ©signez-lui un tuteur il peut ĂȘtre son manager ou un membre expĂ©rimentĂ© de son Ă©quipe qui le guidera Ă  faire ses premiers pas dans l’entreprise, et Ă  trouver sa place. Important Afin que la transmission des savoirs se dĂ©roule au mieux, le mentor doit ĂȘtre volontaire pour mener Ă  bien cette mission. NOUVEAU TĂ©lĂ©chargez notre fiche pratique en pdf Explications simples pour une mise en oeuvre facile IllustrĂ©e par des exemples Fiche pdf agrĂ©able et efficace Organiser un parcours d’intĂ©gration Le jour de son arrivĂ©e, n’installez pas tout de suite le salariĂ© Ă  son poste de travail. Comme tout nouvel arrivant, il a besoin de se faire Ă  son environnement et Ă  ses interlocuteurs . PrĂ©parez-lui donc un vĂ©ritable parcours d’intĂ©gration afin de le mettre en confiance. Vous pouvez commencer par accueillir votre nouvelle recrue autour d’un petit dĂ©jeuner en compagnie des membres du dĂ©partement qu’il intĂšgre. Ce sera une premiĂšre occasion de le prĂ©senter Ă  ses collĂšgues. Profitez de ce moment pour lui donner les documents d’accueil en lui expliquant oĂč trouver les informations utiles Ă  sa prise de poste. Faites ensuite avec lui le tour de l’entreprise, en prenant le soin de lui montrer les salles de pause, rĂ©fectoire, sanitaires et issues de secours. Ainsi, votre fraiche recrue pourra se familiariser Ă  son nouvel espace. AprĂšs avoir dĂ©jeunĂ© avec le service auquel il sera rattachĂ© toujours de maniĂšre Ă  crĂ©er du lien, prĂ©voyez un support de prĂ©sentation de l’entreprise , reflĂ©tant la culture qui lui est propre et les principales mĂ©thodes de fonctionnement en son sein. Il est essentiel Ă  sa bonne intĂ©gration par vos Ă©quipes, que votre nouveau salariĂ© s’imprĂšgne de l’image de votre entreprise et qu’il en porte les mĂȘmes valeurs. A noter VidĂ©o, Power Point, dĂ©pliant, tout support est bon Ă  prendre tant qu’il dĂ©voile au mieux l’identitĂ© de la sociĂ©tĂ©. Pour terminer cette journĂ©e d’intĂ©gration, organisez un rapide premier entretien avec votre salariĂ©, pour lui donner l’occasion de vous soumettre ses premiĂšres interrogations ou incomprĂ©hensions Ă  chaud. Ce sera Ă©galement le bon moment pour redĂ©finir prĂ©cisĂ©ment avec lui le poste qu’il va occuper, en mentionnant les objectifs attendus Ă  court et moyen terme. Important Profitez de ce moment pour faire savoir Ă  votre nouveau salariĂ© que vous ĂȘtes disponible en cas de besoin. Il est important de le rassurer quant Ă  ses doutes lĂ©gitimes. Les 6 Ă  9 mois suivant l’arrivĂ©e La pĂ©riode d’intĂ©gration prend plusieurs mois, il ne faut pas le perdre de vue. Dans les premiers temps, le salariĂ© va beaucoup apprendre des autres et en particulier de son tuteur, qui lui offrira une transmission des savoirs intĂ©grant les us et coutumes de la sociĂ©tĂ©. Encore une fois, restez disponible. Il doit se sentir Ă  l’aise Ă  l’idĂ©e de venir vous questionner lorsqu’il rencontre une problĂ©matique. Sur cette pĂ©riode, vous pouvez Ă©galement demander Ă  votre recrue de vous rĂ©diger un rapport d’étonnement. Ce travail Ă©veillera sa curiositĂ© sur son nouvel environnement et lui apportera une certaine crĂ©dibilitĂ©. Il vous sera tout autant bĂ©nĂ©fique, dans la mesure oĂč ces retours pourront ĂȘtre utilisĂ©s comme pistes d’amĂ©lioration. Organisez avec lui des points rĂ©guliers afin de suivre son Ă©volution et de renforcer son Ă©panouissement au sein de votre structure. Important À la fin de sa pĂ©riode d’essai, un bilan s’impose pour connaĂźtre vos impressions respectives sur cette collaboration. C’est l’occasion de fĂ©liciter votre collaborateur sur ses points de succĂšs, et de souligner les points de vigilance lorsque c’est nĂ©cessaire. C’est une Ă©tape phare dans l’aprĂšs-recrutement qui comporte de vĂ©ritables enjeux pour le bon dĂ©veloppement de votre entreprise. Avant de donner le meilleur de lui, votre salariĂ© doit se sentir attendu et accompagnĂ© tout au long de cette pĂ©riode. Des partages d’expĂ©riences et conseils en complĂ©ment Articles Recrutement transformez l'essai ! Comment organiser les premiĂšres semaines du nouveau venu avec comme double objectif s'assurer de la pertinence de son choix et crĂ©er un environnement favorable pour que le nouvel embauchĂ© dĂ©bute une vĂ©ritable histoire avec l'entreprise. La premiĂšre Ă©tape de la fidĂ©lisation ? Sont ici prĂ©sentĂ©s les 3 leviers d'adhĂ©sion entreprise, marque, mĂ©tier ainsi que les dispositifs sur lesquels s'appuyer pour une telle dĂ©marche accompagnement, formation, sĂ©minaire... Le blog RH BearingPoint Fiches pratiques Identifier les connaissances et savoir-faire que doit acquĂ©rir un nouvel arrivant Cette fiche s'attache Ă  fournir des outils pour aider les managers Ă  identifier les connaissances et savoir-faire Ă  transmettre Ă  leurs derniĂšres recrues. CEDIP Comment intĂ©grer un nouvel arrivant ? Il est fortement conseillĂ© d'organiser et mettre en place un parcours. Voici un exemple accueil, dĂ©couverte du milieu professionnel, identification des savoirs et savoir-faire Ă  acquĂ©rir... CEDIP Pour partager cette publication

Commenttransmettre son histoire, son passĂ© et sa culture ? SĂ©quence 3 : Parcours d'une Ɠuvre intĂ©grale. Comment concilier l'appartenance Ă  deux cultures ? PrĂ©paration au Charles Perrault est un Ă©crivain français nĂ© Ă  Paris le 12 janvier 1628 et mort dans le mĂȘme ville le 16 mai 1703. Il appartient au mouvement des Modernes, qui s’opposait alors aux Anciens. Il reste connu pour ses Contes en prose, publiĂ©s en 1697. Les contes tels que racontĂ©s par Perrault sont trĂšs diffĂ©rents de leurs adaptions, par Disney notamment. Voir ici 162 classiques de la littĂ©rature française .Charles Perrault courte biographieCharles Perrault est nĂ© le 12 janvier 1628 au sein d’une famille de la bourgeoisie parlementaire c’est-Ă -dire liĂ©e au Parlement de Paris, une institution d’Ancien rĂ©gime imprĂ©gnĂ©e de jansĂ©nisme un mouvement religieux au sein du catholicisme, combattu par le pape et le pouvoir. Charles Perrault fait des Ă©tudes au collĂšge de Beauvais puis devient, comme son pĂšre mais sans passion, avocat au barreau de Paris en 1651. Il ne plaide que deux fois dans sa carriĂšre. Il se dĂ©tourne de cette voix pour lui prĂ©fĂ©rer une carriĂšre au sein l’État, lorsqu’il se rapproche de Colbert 1619 – 1683 dont il devient le protĂ©gĂ©. En 1663, Charles Perrault devient secrĂ©taire de la Petite AcadĂ©mie », la future AcadĂ©mie des Inscriptions et des Belles-Lettres. Il et nommĂ© en 1665 contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral de la surintendance des bĂątiments du roi, ce qui lui laisse du temps pour se consacrer Ă  l’écriture. Charles Perrault Ă  l’AcadĂ©mie françaiseLa carriĂšre littĂ©raire de Charles Perrault est consacrĂ©e lorsqu’il est nommĂ© en 1671 Ă  l’AcadĂ©mie française, fondĂ©e en 1635. Il y est reçu le 23 novembre par Jean Chapelain 1596 – 1674. Porte-parole de Colbert au sein de l’AcadĂ©mie, Charles Perrault participe Ă  certains changement au sein de l’institution Ă©lection des acadĂ©miciens au scrutin, Ă©tablissement de jetons de prĂ©sence, etc. L’écrivain participe en outre Ă  la fondation de l’AcadĂ©mie des Beaux-Arts. Il est aussi l’auteur de l’ÉpĂźtre dĂ©dicatoire de la premiĂšre Ă©dition du Ă  Marie Guichon, il a 4 enfants. Son frĂšre, Claude Perrault, est l’architecte de la colonnade du Louvre » et a aussi contribuĂ© aux dessins des plans de l’observatoire de Paris. La mort de Colbert en 1683 entraĂźne sa disgrĂące Ă  la cour, mais pas la fin de son influence dans le monde des Perrault, reprĂ©sentant du mouvement des ModernesLa carriĂšre littĂ©raire de Charles Perrault commence dĂšs 1648, lorsqu’il signe avec deux de ses frĂšres, Nicolas et Claude, un pastiche du VIe livre de L’ÉnĂ©ide, signe annonciateur de son engagement futur. En effet, Charles Perrault est engagĂ© dans le camp des Modernes, dont il est le chef de Perrault et la querelle des Anciens et des ModernesLe monde littĂ©raire est alors troublĂ© par une querelle qui oppose deux groupes la querelle des Anciens et des Modernes. Les Anciens, reprĂ©sentĂ©s par de grandes plumes comme Boileau 1636 – 1711, La BruyĂšre 1645 – 1696, La Fontaine 1621 – 1695 ou Racine 1639 – 1699, pensent que toute crĂ©ation doit s’efforcer d’imiter les modĂšles de l’ Modernes, dirigĂ©s par Perrault, mais dans les rangs desquels on peut aussi trouver Fontenelle 1657 – 1757, neveu de Pierre Corneille, eclipsĂ© par l’Ancien » Racine exaltent les sciences, l’expĂ©rience, les arts nouveaux, 27 janvier 1687, Perrault lit Ă  l’AcadĂ©mie son poĂšme Le siĂšcle de Louis le Grand. Tout Ă  la gloire de Louis XIV, il y affirme la supĂ©rioritĂ© du siĂšcle du Roi-Soleil, dĂ©cisif pour l’histoire de l’humanitĂ©, sur celui de l’empereur romain Auguste 63 av. – 14 ap. La querelle des Anciens et des Modernes est de la querelle Ă  venir, Charles Perrault avait dĂ©jĂ  dĂ©fendu Alceste Critique de l’opĂ©ra ou Examen de la tragĂ©die intitulĂ©e Alceste ou le Triomphe d’Alcide, opĂ©ra de Philippe Quinault 1635 – 1688. Racine lui rĂ©pond dans la prĂ©face d’IphigĂ©nie 1675. En 1686, Perrault avait prĂ©sentĂ© Saint Paulin, poĂšme Ă©pique qui met en avant le merveilleux chrĂ©tien opposĂ© au merveilleux paĂŻen. En 1688, Fontenelle est battu par Jean de La Chapelle, un membre des Anciens, pour l’entrĂ©e Ă  l’AcadĂ©mie. Dans son ÉpĂźtre pour le gĂ©nie, Perrault fait l’éloge du candidat malheureux et de son oncle ParallĂšle des Anciens et des ModernesNĂ©anmoins, l’oeuvre la plus notable de Perrault est son ParallĂšle des Anciens et des Modernes, publiĂ©e entre 1688 et 1697. Ce parallĂšle se prĂ©sente sous la forme de 5 dialogues, emprunts d’humour, entre l’AbbĂ© le porte-parole de Perrault, le Chevalier, un moderne exaltĂ©, et le PrĂ©sident, reprĂ©sentant des Anciens. Perrault essaie d’y dĂ©montrer la supĂ©rioritĂ© des Modernes sur les Anciens dans tous les arts littĂ©rature, astronomie, guerre, gĂ©ographie, navigation, oeuvre s’inscrit dans la rivalitĂ© de son auteur avec Boileau. Quand le dernier fait la satire des femmes Satire X, largement acquises aux Modernes, Perrault vient les dĂ©fendre dans son Apologie des Femmes 1694. Il Ă©crit en outre en 1695 une Ode au Roi qui s’oppose Ă  l’Ode sur la prise de Namur, prĂ©sentĂ©e en 1693 par Boileau. Les deux lettrĂ©s finissent nĂ©anmoins par se rĂ©concilier officiellement Ă  l’AcadĂ©mie le 4 aoĂ»t 1694, partageant une mĂȘme inclination pour le la fin de sa vie, Charles Perrault publie une histoire des Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siĂšcle, avec leurs portraits au naturel 1696-1700, mise Ă  jour des Vies parallĂšles de Plutarque 45 – 120.Les Contes de Charles PerraultLe souvenir de Charles Perrault comme thĂ©oricien est aujourd’hui Ă©clipsĂ© dans la mĂ©moire collective par sa qualitĂ© d’auteur de ses cĂ©lĂšbres contes, entrĂ©s dans le folklore français. Charles Perrault publie d’abord des Contes en vers en 1694 dans lesquels on trouve La Marquise de Salusses ou la Patience de GriselidisLes Souhaits ridiculesPeau d’ñneUne prĂ©face figure en tĂȘte de ces contes dans laquelle Charles Perrault affirme leur supĂ©rioritĂ© morale sur les contes des Contes de la mĂšre de l’Oye de Charles PerraultLes contes en proses de Perrault, plus cĂ©lĂšbres, sont publiĂ©s en 1697. Les Histoires ou contes du temps passĂ© avec des moralitĂ©s ou Conte de ma mĂšre l’Oye, titre en frontispice sont constituĂ©s de 8 contes, publiĂ©s sous le nom de son fils. Il affirme qu’un enfant aurait composĂ© ces contes, dĂ©diĂ©s alors Ă  Mademoiselle, la fille de Philippe d’OrlĂ©ans, frĂšre de Louis XIV. L’ouvrage rencontre un grand succĂšs. Il comporte La Belle au bois dormantLe Petit Chaperon rougeLa Barbe bleueLe Chat bottĂ©Les FĂ©esCendrillonRiquet Ă  la houppeLe Petit PoucetLes contes de Perrault, une oeuvre moderneLes Contes de la mĂšre de l’Oye est une oeuvre moderne dans la mesure oĂč ils empruntent leur matiĂšre non pas aux histoires hĂ©ritĂ©es de l’AntiquitĂ©, mais Ă  un fond culturel moderne, c’est-Ă -dire contemporain, populaire et oral. Pour la premiĂšre fois, un auteur de renom s’inspire de la tradition populaire, celles des contes racontĂ©s lors des veillĂ©es villageoises ou des rĂ©unions familiales. Ces histoires Ă©manent de l’imaginaire mĂ©diĂ©val et chevaleresque, ou de la Renaissance italienne. Les contes de Perrault, une oeuvre classique
Ces contes appartiennent au classicisme par leur formalitĂ©, leur visĂ©e morale comme l’indique le titre de l’ouvrage et donc leur fonction Ă©ducative Ă  l’adresse des enfants. On trouve en effet Ă  la fin de chaque conte une ou deux moralitĂ©s en vers, semblables Ă  celles des Fables de la Fontaine publiĂ©es entre 1668 et 1694. 
et sont baroques par le registre merveilleux manifestĂ© par l’intervention de personnages et d’objets surnaturels dans le rĂ©cit. Le merveilleux assure un certain pouvoir de sĂ©duction aux contes, par la prĂ©sence fascinante d’ogres, de fĂ©es, d’animaux capables de parler, etc. Un public d’enfants et d’adultesLes Contes permettent l’instruction des enfants tout en captant leur attention par le ils ne s’adressent pas uniquement Ă  un public d’enfants. Le public adulte pouvait voir dans ces histoires de nombreuses rĂ©fĂ©rences Ă  l’actualitĂ© politique et littĂ©raire de son temps. Ils abordent de grandes problĂ©matiques de la sociĂ©tĂ© d’Ancien rĂ©gime, et des questions plus gĂ©nĂ©rales sur la condition humaine la pauvretĂ© des parents qui abandonnent leurs enfants pendant une famine, la domination seigneuriale, l’ascension sociale possible grĂące au talent et Ă  la ruse Le Chat bottĂ©, l’attrait pour la mort Barbe bleue.Leur auteur Ă©crit d’ailleurs dans la prĂ©face aux Contes La maniĂšre dont le Public a reçu les PiĂšces de ce Recueil, Ă  mesure qu’elles lui ont Ă©tĂ© donnĂ©es sĂ©parĂ©ment, est une espĂšce d’assurance qu’elles ne lui dĂ©plairont pas en paraissant toutes ensemble. Il est vrai que quelques personnes qui affectent de paraĂźtre graves, et qui ont assez d’esprit pour voir que ce sont des Contes faits Ă  plaisir, et que la matiĂšre n’en est pas fort importante, les ont regardĂ©es avec mĂ©pris; mais on a eu la satisfaction de voir que les gens de bon goĂ»t n’en ont pas jugĂ© de la ont Ă©tĂ© bien aises de remarquer que ces bagatelles n’étaient pas de pures bagatelles, qu’elles renfermaient une morale utile, et que le rĂ©cit enjouĂ© dont elles Ă©taient enveloppĂ©es n’avait Ă©tĂ© choisi que pour les faire entrer plus agrĂ©ablement dans l’esprit et d’une maniĂšre qui instruisĂźt et divertĂźt tout ensemble. Cela devrait me suffire pour ne pas craindre le reproche de m’ĂȘtre amusĂ© Ă  des choses conte, un genre littĂ©raireCharles Perrault fait du conte un vĂ©ritable genre littĂ©raire. La richesse de sens de ces contes suscite encore des lectures multiples, dont la plus cĂ©lĂšbre est celle du psychologue amĂ©ricain Bruno Bettelheim 1903 – 1990, faite dans une perspective psychanalytique, dans Psychanalyse des contes de fĂ©es 1976.

Laville est donc le creuset d'une culture ouvriÚre qui est à la fois une culture républicaine, imprégnée des souvenirs de la geste révolutionnaire, mais aussi une contre-culture de classe qui affirme la spécificité des travailleurs dans la "citoyenneté républicaine". Francis Démier, La France du XIXe siÚcle, 1814-1914, p. 426-432

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Problématique comment transmettre son histoire, son passé, sa culture ? Support: De sang et de lumiÚre, de Laurent Gaudé 2017 Activité: étude de la premiÚre de couverture : travail
Terminale spĂ©cialitĂ© - ThĂšme 3 - Histoire et mĂ©moires DĂ©tails Écrit par Eric Michelangeli Cours Diapo Intro I II OTC Sommaire INTRODUCTION HISTOIRE ET MÉMOIRE, HISTOIRE ET JUSTICEA. LA DIFFÉRENCE ENTRE HISTOIRE ET MÉMOIRE1. La mĂ©moire2. L’histoire3. Les mĂ©moires, objet d’étude pour l’historienB. LES NOTIONS DE CRIME CONTRE L’HUMANITÉ ET DE GÉNOCIDE, ET LE CONTEXTE DE LEUR ÉLABORATION1. Crime contre l’humanitĂ©2. GĂ©nocideConclusionI. HISTOIRE ET MÉMOIRES DES CONFLITS AXE 1A. UN DÉBAT HISTORIQUE ET SES IMPLICATIONS POLITIQUES LES CAUSES DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALEIntroduction1. Les causes de la PremiĂšre Guerre mondiale rappel2. La recherche des responsabilitĂ©s des dĂ©bats d’historiens, des enjeux mĂ©moriaux et politiquesConclusionB. MÉMOIRES ET HISTOIRE D’UN CONFLIT LA GUERRE D’ALGÉRIEIntroduction1. Des mĂ©moires opposĂ©es, parfois antagonistes2. Des tensions politiques et gĂ©opolitiquesConclusionII. HISTOIRE, MÉMOIRE ET JUSTICE AXE 2A. LA CONSTRUCTION D’UNE JUSTICE PÉNALE INTERNATIONALE FACE AUX CRIMES DE MASSE LE TRIBUNAL PÉNAL INTERNATIONAL POUR L’EX-YOUGOSLAVIE TPIY1. Le contexte l’implosion de la Yougoslavie2. La mise en place du tribunal et ses effets Ă  diffĂ©rentes Ă©chellesB. LA JUSTICE À L’ÉCHELLE LOCALE LES TRIBUNAUX GACACA FACE AU GÉNOCIDE DES TUTSI1. Le gĂ©nocide des Tutsi au Rwanda2. La rĂ©ponse judiciaireIII. L’HISTOIRE ET LES MÉMOIRES DU GÉNOCIDE DES JUIFS ET DES TSIGANES OBJET DE TRAVAIL CONCLUSIFINTRODUCTIONA. LIEUX DE MÉMOIRE DU GÉNOCIDE DES JUIFS ET DES TSIGANES1. Lieux et non-lieux de mĂ©moire2. Lieux de mĂ©moire in situ et ex situ histoire, dispositifs et questionnements actuelsB. JUGER LES CRIMES NAZIS APRÈS NUREMBERG1. Juger les crimes nazis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale2. Le tournant du procĂšs Eichmann avril-dĂ©cembre 19613. AprĂšs Eichmann, la multiplication des procĂšsC. LES GÉNOCIDES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE DANS LA LITTÉRATURE ET LE CINÉMA1. GĂ©nocides et littĂ©rature2. GĂ©nocides et cinĂ©maCONCLUSION Manuel Introduction repĂšres Les guerres ont douloureusement marquĂ© l'histoire approche rationnelle et les mĂ©moires approche affective des peuples du XXe siĂšcle. Elles ont parfois donnĂ© naissance Ă  un antagonisme durable entre vainqueurs et vaincus, et les victimes des crimes de masse et des gĂ©nocides ont souvent tardĂ© Ă  recevoir la reconnaissance qui leur Ă©tait due. Quels rapports les sociĂ©tĂ©s entretiennent-elles avec leur passĂ© ? Introduction Histoire et mĂ©moire, histoire et justice Manuel La mĂ©moire et l'histoire sont deux approches diffĂ©rentes du passĂ©. La mĂ©moire rĂ©pond Ă  un impĂ©ratif de reconnaissance envers des hĂ©ros ou des victimes, l'histoire Ă  un impĂ©ratif de connaissance et de vĂ©ritĂ© -RepĂšre 1 Histoire et mĂ©moire. La connaissance historique et la justice aident les sociĂ©tĂ©s et les États Ă  faire le deuil des conflits et Ă  en tirer, le cas Ă©chĂ©ant, des enseignements la premiĂšre, en invitant Ă  une relecture critique du passĂ©, la seconde, en punissant les responsables des crimes contre l'humanitĂ©, dĂ©sormais inscrits dans le droit international. A. La diffĂ©rence entre histoire et mĂ©moire Quel sens une sociĂ©tĂ© donne-t-elle au passĂ© ? Comment se construit son rapport Ă  son histoire, Ă  ce qu'elle en retient ? Que nous apprend sur elle-mĂȘme la signification que notre sociĂ©tĂ© attribue Ă  tel Ă©pisode, au choix de celui-ci, Ă  l'oubli de celui-lĂ , au retour soudain Ă  la surface de ce qui semblait avoir rejoint Ă  jamais le silence des cimetiĂšres ? Ce questionnement met en jeu les notions de mĂ©moire et d’histoire. 1. La mĂ©moire C’est l’aptitude Ă  se souvenir, un ensemble de souvenirs, un rĂ©cit, une reprĂ©sentation subjective du passĂ© qui donne du sens au prĂ©sent. Elle rend compte du rapport affectif d’un individu ou d’un groupe aux Ă©vĂ©nements du passĂ©. On entend donc par mĂ©moire » des individus et des groupes l’ensemble des souvenirs d'un Ă©vĂ©nement historique, vĂ©cus, construits ou transmis -par la famille, l'Ă©cole... C’est une reconstruction a posteriori, qui se fabrique et Ă©volue selon un processus complexe pour l’historien Henry Rousso, la mĂ©moire est d’abord un processus vital de sĂ©lection entre les souvenirs et les oublis, entre ce que la conscience doit retenir et ce qu’elle va Ă©carter ou refouler de maniĂšre provisoire ou dĂ©finitive ». Elle fonde la transmission entre gĂ©nĂ©rations, structure la filiation, le lien familial et social car elle s’inscrit dans un collectif »[1]. Pour l’historien Pierre Nora, les mĂ©moires relĂšvent fondamentalement de la subjectivitĂ©, c'est-Ă -dire de leur dĂ©termination par les sujets qui les conçoivent une mĂ©moire sert les intĂ©rĂȘts, matĂ©riels ou symboliques d’un groupe -mĂȘme si ces intĂ©rĂȘts peuvent ĂȘtre tout Ă  fait lĂ©gitimes, comme le sont ceux des victimes des grands crimes du passĂ© Les abus de la mĂ©moire ». L’État, Les gouvernements s’intĂ©ressent aux mĂ©moires, entretiennent le souvenir de hĂ©ros, d’évĂ©nements traumatiques ou fondateurs et veillent au devoir de mĂ©moire », tout en laissant par ailleurs dans le silence l’oubli ? des Ă©vĂ©nements ou des acteurs ils mĂšnent des politiques mĂ©morielles, qui peuvent mĂȘme se traduire par l’adoption de lois mĂ©morielles -Vocabulaire + RepĂšre 2 + La mobilisation des historiens contre les lois mĂ©morielles. 2. L’histoire Le travail des historiens, parallĂšle au travail de mĂ©moire », s’en nourrit et s’en distingue. L’histoire vise Ă  une comprĂ©hension, Ă  une interprĂ©tation du passĂ©, fondĂ©e sur l'analyse des traces laissĂ©es par l'activitĂ© humaine les sources. Pour donner Ă  comprendre son passĂ© Ă  une sociĂ©tĂ©, l'histoire interroge, remet en cause les mythes ou les rĂ©cits constituĂ©s. Elle privilĂ©gie le regard Ă  distance, l'observation du passĂ© dĂ©gagĂ©e autant que possible de l'emprise de la religion, des opinions ou du pouvoir. Selon Pierre Nora, la dĂ©marche de l’historien relĂšve d’une volontĂ© d’objectivitĂ© et d’un processus de vĂ©ritĂ© -NB une vĂ©ritĂ© qui peut ĂȘtre rĂ©visĂ©e, voire rĂ©futĂ©e comme l’est toute dĂ©marche scientifique. L’historien se pose des questions, lit, critique les sources, cherche Ă  comprendre les traces archĂ©ologiques, les mentalitĂ©s, et sa dĂ©marche se veut objective. Attention nĂ©anmoins, il se pose les questions de son temps, depuis la sociĂ©tĂ© Ă  laquelle il appartient le credo de l’objectivitĂ© historique a Ă©tĂ© battu en brĂšche au XXe siĂšcle par l’idĂ©e que l’histoire repose en dernier ressort sur une narration, une construction Ă©laborĂ©e dans des contextes, avec des acteurs prĂ©cis, historiens ou autres, plus que sur une exhumation de ce qui a Ă©tĂ©. Elle s’écrit avec des points de vue, des angles d’observation, des questionnements pluriels et variĂ©s. Elle n’est donc plus une et indivisible »[2]. 3. Les mĂ©moires, objet d’étude pour l’historien C’est donc ici bien une rĂ©flexion sur les mĂ©moires collectives, l’évolution des reprĂ©sentations du passĂ© par un groupe ou une sociĂ©tĂ©, et sur leur usage politique que nous allons conduire. Pour les historiens, les mĂ©moires sont devenues, depuis les annĂ©es 1980, un objet d’étude. Ils s’appuient sur les travaux de la psychanalyse Freud, Lacan, de la sociologie Maurice Halbwachs, Les cadres sociaux de la mĂ©moire, 1925, de la philosophie Paul Ricoeur, La mĂ©moire, l’histoire, l’oubli, 2000 Les malentendus entre l’histoire et la mĂ©moire. Les historiens historicisent les mĂ©moires ils les analysent, les contextualisent et en font un rĂ©cit cohĂ©rent devoir d’histoire » -Cf. les travaux de Pierre Nora ou ceux d’Henry Rousso. L’historien Pierre Nora conduit un travail fondateur dans Les Lieux de MĂ©moire 1984-1992, il identifie des lieux de mĂ©moires pour la France et les Français, lieux rĂ©els ou imaginaires qui fondent l’identitĂ© française. Dans les annĂ©es 1980, en particulier Henry Rousso reprend des concepts de la psychanalyse pour les appliquer Ă  l’étude des mĂ©moires. Il Ă©voque la notion de rĂ©gime mĂ©moriel en montrant que le travail de mĂ©moire », notamment pour les Ă©vĂ©nements traumatisants, suit plusieurs phases occultation destinĂ©e Ă  la restauration de la paix civile au sortir des conflits phase d’oubli, construction d’une mĂ©moire hĂ©roĂŻque, travail de deuil ; Ă©mergence des mĂ©moires enfouies qui s’affirment, le retour du refoulĂ© ; rĂ©ception par la sociĂ©tĂ©, parfois conflits et puis acceptation. Entre l’histoire et les mĂ©moires, il y a donc la mĂ©diation des historiens. Il y a aussi la justice et le droit droit des vainqueurs, droit des victimes. Le droit international joue un rĂŽle majeur dans la reconstruction des sociĂ©tĂ©s en particulier europĂ©ennes dans l’aprĂšs Seconde Guerre mondiale avec notamment le procĂšs de Nuremberg. B. Les notions de crime contre l’humanitĂ© et de gĂ©nocide, et le contexte de leur Ă©laboration Philippe Sands, avocat international franco-britannique montre dans son ouvrage Retour Ă  Lemberg 2016 la genĂšse des notions de crime contre l’humanitĂ© et de gĂ©nocide[3]. On y rencontre Hersch Lauterpacht, professeur de droit international Ă  Cambridge, qui dĂ©finit le crime contre l’humanitĂ© et qui parvient Ă  le faire intĂ©grer dans le droit international en 1945, ainsi que RaphaĂ«l Lemkin, le juriste qui invente en 1943 le terme de gĂ©nocide. Les deux ont Ă©tudiĂ© dans la mĂȘme facultĂ© de droit de Lemberg Lvov polonaise ou aujourd’hui Lviv ukrainienne. 1. Crime contre l’humanitĂ© Le procĂšs de Nuremberg s’inscrit dans un cadre dĂ©fini par les alliĂ©s pendant la Seconde Guerre mondiale la DĂ©claration de Moscou d'octobre 1943, signĂ©e par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union soviĂ©tique, dĂ©clarait qu'aprĂšs l'armistice, les individus dont les crimes ne pourraient ĂȘtre circonscrits Ă  un lieu gĂ©ographique prĂ©cis, seraient jugĂ©s conjointement par les gouvernements alliĂ©s. Ces procĂšs au Tribunal militaire international TMI se tiennent Ă  Nuremberg, du 18 octobre 1945 au 1er octobre 1946. Douze des accusĂ©s sont condamnĂ©s Ă  mort, dont le marĂ©chal Hermann Goering, Hans Frank, Alfred Rosenberg et Julius Streicher. Le TMI prononce trois peines de prison Ă  vie et quatre peines de prison allant de 10 Ă  20 ans. Trois des accusĂ©s sont acquittĂ©s. RepĂšre 3 p. 182. Crime contre l’humanitĂ©- C’est dans le cadre de ce procĂšs que la notion de crime contre l’humanitĂ© apparaĂźt de façon officielle pour la premiĂšre fois dans le droit international[4]. Le juriste Hersch Lauterpacht 1897-1960, qui collabore avec le procureur amĂ©ricain Robert Jackson, veut placer la protection de l’individu au cƓur de l’ordre juridique international ». C’est lui qui obtient que cette nouvelle qualification soit retenue parmi les chefs d’accusation des inculpĂ©s de Nuremberg et dans la charte du tribunal -RepĂšre Il s’agit de crimes collectifs commis dans un cadre discriminatoire pour motifs politiques, raciaux ou religieux[5], formellement distincts des crimes de guerre. Pour le droit pĂ©nal français c’est le seul crime imprescriptible. Cette notion Ă©volue En 1993, avec le statut du TPIY[6], on assiste Ă  une banalisation de la notion la condition politique est dĂ©sormais occultĂ©e, le crime contre l’humanitĂ© n’étant plus nĂ©cessairement un crime d’État. Le statut du TPIY permet alors de [dĂ©signer comme] crime contre l’humanitĂ© toute “barbarie”, toute atteinte massive aux droits de l’homme, in fine comme protection des valeurs humaines de la civilisation, et non plus pour protĂ©ger l’humanitĂ© contre les seules politiques criminelles discriminatoires. » Avec l’adoption du Statut de Rome 1998, qui institue la Cour pĂ©nale internationale CPI. La CPI a Ă©largi la dĂ©finition de l'inculpation pour mieux couvrir la multiplicitĂ© des crimes Ă  juger[7]. Les crimes poursuivis ne renvoient pas tous Ă  une discrimination, mais les termes gĂ©nĂ©ralisĂ©e » et systĂ©matique » renvoient Ă  des crimes massifs et planifiĂ©s. En dĂ©pit de ces Ă©volutions, on constate nĂ©anmoins une certaine continuitĂ© dans le droit international. 2. GĂ©nocide RepĂšre 4 Le gĂ©nocide- En 1943, RaphaĂ«l Lemkin est conseiller spĂ©cial pour les affaires Ă©trangĂšres auprĂšs du ministĂšre de la Guerre Ă©tatsunien. Il a fui la Pologne occupĂ©e Ă  la fin de l’automne 1939 via les pays baltes puis la SuĂšde et en avril 1941 les États-Unis. Sa famille restĂ©e sur place y est en trĂšs grande en partie exterminĂ©e. Il achĂšve Ă  Washington une Ă©tude sur l’oppression nazie en Europe[8], qui dĂ©crit l’extermination mĂ©thodique en cours des juifs d’Europe par l’Allemagne nazie p181. L’invention du concept de gĂ©nocide. Il fait reposer sa dĂ©monstration sur l’étude de la destruction des ArmĂ©niens durant la PremiĂšre Guerre mondiale dans l’Empire ottoman, Ă  laquelle il s’intĂ©resse depuis les annĂ©es 1920[9]. À la diffĂ©rence de Lauterpacht, Lemkin souhaite une lĂ©gislation protectrice des groupes ethniques ou religieux, mais il Ă©choue Ă  faire rentrer la notion de gĂ©nocide parmi les chefs d’accusation de Nuremberg. C’est finalement la Convention de l’ONU, en 1948, qui marque la premiĂšre prise en compte officielle du crime de gĂ©nocide. Le concept de gĂ©nocide doit se penser Ă  plusieurs niveaux Au niveau du droit. DĂšs 1946, l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’ONU adopte la rĂ©solution 96 qui affirme que le gĂ©nocide nie le droit Ă  l’existence de groupes humains entiers » et qu’il est un crime au regard du droit international ». Lemkin parvient Ă  faire adopter la Convention pour la prĂ©vention et la rĂ©pression du crime de gĂ©nocide adoptĂ©e le 9 dĂ©cembre 1948 puis pour la faire ratifier[10]. Mais cette convention, entrĂ©e en vigueur en 1951, n’a pas de force concrĂšte sans l’instauration de tribunaux internationaux. Leur crĂ©ation n’interviendra que dans les annĂ©es 1990 TPIY, TPIR ex-Yougoslavie, Rwanda, CPI statut de Rome de 1998 instituant la Cour pĂ©nale internationale. Au niveau de la recherche historiens, anthropologues, sociologues, politistes, philosophes ont adoptĂ© ce concept et son Ă©tude s’est amplifiĂ©e Ă  la fin du XXe siĂšcle Ă  un moment oĂč il est apparu trĂšs clairement que ces entreprises de destructions humaines n’appartenaient pas seulement au passĂ© et au droit, mais qu’elles se rĂ©pĂ©taient en Europe avec des crimes d’État dans l’ex-Yougoslavie, au Rwanda avec le gĂ©nocide des Tutsi, interrogeant la possibilitĂ© de comprendre et d’agir face aux catastrophes[11]». Autre niveau celui des opinions publiques, pour alerter sur des massacres prĂ©sents celui des Yezidis, des Rohingyas, des Ouighours, caractĂ©riser des faits passĂ©s que les victimes jugent peu connus. S’il y a bien une prise de conscience gĂ©nĂ©rale du sort rĂ©servĂ© Ă  des groupes humains dĂ©shumanisĂ©s et racialisĂ©s, des chercheurs comme JoĂ«l Kotek alertent sur le risque de surenchĂšre victimaire et de concurrences victimaires. Les gĂ©nocides peuvent ĂȘtre distinguĂ©s des crimes de masse dans la mesure oĂč ces massacres systĂ©matiques commis par des États ou des organisations entrant dans la catĂ©gorie des crimes contre l’humanitĂ© ne poursuivent pas une entreprise de destruction totale d’une population dĂ©finie. Conclusion Nous sommes donc devant deux notions concurrentes et finalement complĂ©mentaires, Ă©laborĂ©es Ă  partir de la PremiĂšre Guerre mondiale et qui se cristallisent pendant la deuxiĂšme Guerre mondiale. Selon Philippe Sands dans le compte-rendu qu’en fait A. Wieviorka, les concepts de gĂ©nocide » et de crimes contre l'humanitĂ© » se sont dĂ©veloppĂ©s cĂŽte Ă  cĂŽte, dans une dialectique qui lie l'individu et le groupe ». Si Hersch Lauterpacht et Raphael Lemkin s'accordaient sur la valeur de la vie humaine, ils s'opposaient fondamentalement sur les moyens les plus efficaces pour parvenir Ă  la protection de ces valeurs ĂȘtre attentif aux individus, ou au contraire aux groupes ». Or si les deux conceptions ont d'abord cheminĂ© ensemble, le crime contre l'humanitĂ© prenant un temps le pas sur celui de gĂ©nocide, les choses ont Ă©voluĂ© et une hiĂ©rarchie informelle s'est imposĂ©e ». Le crime de gĂ©nocide est devenu le crime des crimes ». Avec des consĂ©quences imprĂ©vues. Philippe Sands, que sa pratique d'avocat a amenĂ© Ă  travailler en Serbie, en Croatie, en Libye, au Rwanda ou au Chili, note que le gĂ©nocide a suscitĂ© une bataille entre victimes ». De plus, prouver le crime de gĂ©nocide est dĂ©licat car il faut administrer la preuve de l'intention de dĂ©truire un groupe ou une partie d'un groupe, comme l'exige la Convention. Enfin, Ă©tablir le gĂ©nocide accroĂźt le sentiment de solidaritĂ© entre victimes, et renforce [...] les sentiments nĂ©gatifs Ă  l'Ă©gard du groupe auteur des crimes ». Le sentiment du eux » et nous » est durci, la rĂ©conciliation rendue difficile. Ainsi, le gĂ©nocide finirait par susciter les conditions mĂȘmes qu'il cherchait Ă  Ă©liminer »[12]. I. Histoire et mĂ©moires des conflits Axe 1 Le passĂ© laisse des traces susceptibles d'unir ou de diviser les populations. Pour des pĂ©riodes aussi sombres que les guerres, les mĂ©moires peuvent ĂȘtre douloureuses, occultĂ©es, passionnĂ©es ou officialisĂ©es. Dans tous les cas, elles sont un discours et une reprĂ©sentation subjective du passĂ© qui donnent du sens au prĂ©sent. InĂ©vitablement, ces mĂ©moires sont alors en tension avec le travail de l'historien qui doit mettre Ă  distance la mĂ©moire sans toutefois la rejeter. Comment l'histoire et les mĂ©moires des conflits s'articulent-elles ? A. Un dĂ©bat historique et ses implications politiques les causes de la PremiĂšre Guerre mondiale Introduction La question des causes de la PremiĂšre Guerre mondiale avait disparu depuis quelques annĂ©es de l’enseignement de la Grande Guerre dans le secondaire, au profit d’une attention, lĂ©gitime, portĂ©e Ă  l’expĂ©rience combattante et Ă  l’inscription du conflit dans une histoire plus longue, celle d’un premier XXĂšme siĂšcle dont la Grande Guerre serait la matrice. Plus qu’aux causes de la Grande Guerre, les programmes s’intĂ©ressaient davantage au conflit comme cause lui-mĂȘme du siĂšcle Ă  venir. Plus de cent ans aprĂšs le conflit, le dĂ©bat n’est pas clos sur ses origines, sur ce qui et sur qui l’a dĂ©clenchĂ©, sur les responsabilitĂ©s des diffĂ©rentes entitĂ©s politiques, militaires et Ă©conomiques dans ce dĂ©clenchement[13]. Quelles sont les causes de la guerre ? L'Allemagne en est-elle la seule responsable ? C'est ce qu'affirme, en 1919, l'article 231 du traitĂ© de Versailles qui l'oblige en consĂ©quence Ă  payer aux vainqueurs de lourdes rĂ©parations. Cette question anime les dĂ©bats entre historiens et dans l'espace public depuis l'entre-deux-guerres, constituant un enjeu mĂ©moriel et historique important Ă  l'Ă©chelle europĂ©enne. Quels sont les enjeux politiques et historiques du dĂ©bat sur les causes de la PremiĂšre Guerre mondiale soulĂšve-t-il ? 1. Les causes de la PremiĂšre Guerre mondiale rappel En 1914, l'attentat de Sarajevo produit une onde de choc qui embrase le continent europĂ©en. a. Des conflits d’intĂ©rĂȘt aux crises Guillaume II, empereur d’Allemagne 1888-1918, lance son pays dans une Weltpolitik visant Ă  assurer Ă  l'Allemagne, devenue derriĂšre les États-Unis la seconde puissance industrielle du monde, des positions stratĂ©giques, des matiĂšres premiĂšres, des dĂ©bouchĂ©s commerciaux et financiers. Les progrĂšs industriels et l’essor de la flotte de guerre allemands constituent un sujet de prĂ©occupation pour Londres. Les intĂ©rĂȘts allemands se heurtent Ă©galement Ă  ceux de la France. Ainsi, la question marocaine oppose Ă  deux reprises la France et l'Allemagne. En mars 1905, Guillaume II se prĂ©sente comme le dĂ©fenseur de la libertĂ© marocaine contre les ambitions françaises, et provoque une vive tension entre les deux pays. La confĂ©rence internationale d’AlgĂ©siras 1906 tranche en faveur de la France, soutenue par l’Angleterre et la Russie, ce qui conduit les Allemands Ă  envoyer un navire de guerre mouiller dans le port d'Agadir en 1911, au moment oĂč les Français interviennent militairement au Maroc, manquant de dĂ©clencher la guerre[14]. Par ailleurs, les rivalitĂ©s sont particuliĂšrement vives dans les Balkans oĂč l’effacement de l'Empire ottoman face aux peuples serbe, roumain, bulgare, etc. laisse le champ libre aux autres grandes puissances rĂ©gionales la Russie renoue avec sa politique traditionnelle de protection des Slaves des Balkans et surtout des Serbes aux volontĂ©s expansionnistes affirmĂ©es, dont elle espĂšre qu'elle lui ouvrira un jour l'accĂšs aux mers chaudes » et se heurte de plus en plus vivement aux visĂ©es expansionnistes de l’Autriche-Hongrie. Celle-ci surveille Ă©troitement la poussĂ©e nationaliste des Slaves du Sud Croates, SlovĂšnes, Bosniaques, etc. qui voient dans la petite Serbie indĂ©pendante du roi Pierre Ier le noyau d'un futur État yougoslave ». Enfin, Ă  partir des premiĂšres annĂ©es du XXe siĂšcle, le jeune impĂ©rialisme italien manifeste des revendications irrĂ©dentistes dans la rĂ©gion, concernant des territoires sous domination autrichienne Trentin, Trieste. Une sĂ©rie de crises secoue les Balkans En 1908-1909, l’Autriche-Hongrie annexe la province ottomane de Bosnie-HerzĂ©govine, et se heurte Ă  la Serbie, qui finit par s’incliner. En 1912, la guerre Ă©clate entre l'Empire ottoman et les États du Sud des Balkans Bulgarie, GrĂšce, MontĂ©nĂ©gro, Serbie groupĂ©s en une ligue balkanique ». Victorieuse des Ottomans qui abandonnent leurs derniĂšres possessions europĂ©ennes, la Serbie doit accepter l'arbitrage des puissances, soucieuses de maintenir un semblant d'Ă©quilibre dans la rĂ©gion[15]. En 1913, une nouvelle guerre oppose la Bulgarie aux autres vainqueurs de la Turquie, rejoints par la Roumanie. Le traitĂ© de Bucarest aoĂ»t 1913 ne laisse Ă  la Bulgarie qu'une Ă©troite façade sur la mer ÉgĂ©e et partage la MacĂ©doine entre GrĂšce et Serbie ; la Roumanie s’agrandit vers le Sud. Au cours de ces trois crises, la France et l'Allemagne n'ont donc que faiblement soutenu leurs alliĂ©es respectivement la Serbie et l’Autriche-Hongrie, ce qui a permis d'Ă©viter le dĂ©clenchement d'une guerre gĂ©nĂ©rale. Toutefois, la zone balkanique reste en 1914 une poudriĂšre, prĂȘte Ă  exploser Ă  tout moment. b. Le dĂ©clenchement de la guerre La rĂ©pĂ©tition et l'aggravation des crises internationales crĂ©ent en Europe une psychose de guerre[16] qui concourt au renforcement des blocs. En effet, pour la seule annĂ©e 1912 La Triple Alliance ou Triplice Autriche-Hongrie, Italie, Allemagne[17] est renouvelĂ©e. Il est dĂ©cidĂ© que la France soutiendrait la Russie[18] dans l'Ă©ventualitĂ© d'une attaque allemande, mĂȘme si la guerre a pour origine un conflit dans les Balkans. Dans la foulĂ©e de l’Entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni[19], un plan de coopĂ©ration militaire et navale franco-britannique est Ă©laborĂ©. Il dĂ©bouchera sur ce qu’on appellera la Triple Entente. Le 28 juin 1914, en visite Ă  Sarajevo Bosnie, l'archiduc hĂ©ritier d'Autriche François-Ferdinand est assassinĂ© par un Ă©tudiant bosniaque, Gavrilo Princip, membre d'une sociĂ©tĂ© secrĂšte la Main noire » liĂ©e au mouvement nationaliste yougoslave ». Le gouvernement Serbe n'a probablement aucune responsabilitĂ© dans l'affaire, mais l’Autriche-Hongrie saisit ce prĂ©texte pour rĂ©gler dĂ©finitivement son compte Ă  l’ambitieuse Serbie. Fort de l'appui de Guillaume II, le gouvernement austro-hongrois adresse le 23 juillet un ultimatum Ă  la Serbie. Celle-ci en repousse l’article 6, qui exigeait la participation de fonctionnaires autrichiens Ă  l'enquĂȘte menĂ©e en Serbie pour dĂ©terminer les responsabilitĂ©s de l'attentat, provoquant la dĂ©claration de guerre par l'Autriche Ă  la Serbie, le 28 juillet. La Russie ne peut laisser Ă©craser sans rĂ©action son alliĂ© et dĂ©cide la mobilisation gĂ©nĂ©rale le 30 juillet. Face Ă  cette montĂ©e des pĂ©rils, le mouvement pacifiste se trouve paralysĂ© En France, l’assassinat de Jean JaurĂšs le 31 juillet par le nationaliste Raoul Villain jette le trouble dans le camp des pacifistes et laisse le champ libre aux partisans de l’ Union sacrĂ©e ». En Allemagne, la social-dĂ©mocratie fait passer son attachement Ă  la paix aprĂšs sa haine de l'autocratie tsariste. Partout, la stupeur et la rĂ©signation des peuples ne tardent pas Ă  se transformer en dĂ©termination -sinon en enthousiasme vĂ©ritable comme tendront Ă  en accrĂ©diter l'idĂ©e des Ă©crits nationalistes rĂ©digĂ©s aprĂšs coup- devant l'inĂ©luctabilitĂ© d'une guerre dont on est persuadĂ© qu'elle sera courte. Le 31 juillet, l'Allemagne somme la Russie d'arrĂȘter sa mobilisation et adresse un ultimatum Ă  la France. N'ayant pas obtenu de rĂ©ponse, elle dĂ©crĂšte le 1er aoĂ»t la mobilisation gĂ©nĂ©rale et le mĂȘme jour, tandis que la France mobilise Ă  son tour, elle dĂ©clare la guerre Ă  la Russie. Le 2, elle exige de la Belgique le libre passage pour ses troupes et le 3, elle engage les hostilitĂ©s contre la France. Du cĂŽtĂ© de la Triplice, l'Italie juge que les conditions dans lesquelles la guerre s'engage ne les obligent pas Ă  intervenir. Quant au gouvernement britannique, c’est l’invasion de la Belgique par les troupes allemandes qui lĂšve les derniĂšres oppositions au sein du cabinet. Le 4 aoĂ»t, le Royaume-Uni dĂ©clare la guerre Ă  l'Allemagne. En moins de deux semaines, la crise balkanique s'est transformĂ©e en un conflit gĂ©nĂ©ralisĂ©, prĂ©lude Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale » de l'histoire. 2. La recherche des responsabilitĂ©s des dĂ©bats d’historiens, des enjeux mĂ©moriaux et politiques Jalon Un dĂ©bat historique les causes de la PremiĂšre Guerre mondiale- Toute mĂ©moire est un enjeu politique au sens de la construction de la citĂ© et de la vie en commun[20]. Il n’est donc pas surprenant que les mouvements politiques prennent part au dĂ©bat. Ainsi, au dĂ©but du XXĂšme siĂšcle, tous les mouvements socialistes europĂ©ens sont farouchement opposĂ©s Ă  la guerre -Cf. Jean JaurĂšs Le capitalisme porte la guerre comme la nuĂ©e porte l’orage »[21]. En France comme en Allemagne, ils dĂ©noncent l’expansion impĂ©rialiste des nations capitalistes et insistent sur la responsabilitĂ© des antagonismes impĂ©rialistes dans l’engrenage dans le dĂ©clenchement de la guerre. DĂšs le dĂ©but du conflit, les gouvernements cherchent Ă  faire porter la responsabilitĂ© des hostilitĂ©s Ă  l’autre camp. Par exemple, la France se prĂ©sente comme la victime de l’agression allemande tandis que l’Allemagne prĂ©tend mener une guerre dĂ©fensive contre la menace franco-russe. D’ailleurs, chaque belligĂ©rant est persuadĂ© de mener une guerre juste »[22]. a. Les historiens et la recherche des responsabilitĂ©s AprĂšs le conflit, les historiens sont sollicitĂ©s par le pouvoir pour dĂ©terminer les responsabilitĂ©s. Ainsi, en mai 1919, un rapport rĂ©digĂ© par une Commission d’Allemands indĂ©pendants » comprenant quatre historiens est adressĂ© Ă  ClĂ©menceau pour contester l’idĂ©e d’une responsabilitĂ© allemande. De son cĂŽtĂ©, le gouvernement français fait aussi appel Ă  l’historien Pierre Renouvin pour donner un autre avis sur la question. Celui-ci, dans Les origines immĂ©diates de la guerre 1925, affirme que la responsabilitĂ© incombe principalement aux empires centraux, au bellicisme russe et Ă  la passivitĂ© des Français. Par la suite, l’historien Jules Isaac, dans Un dĂ©bat historique. Le problĂšme des origines de la guerre 1933, attribue, dans une logique de pacifisme et de rĂ©conciliation franco-allemande, une part de responsabilitĂ© de la France loi des 3 ans » 1913, rencontre entre le prĂ©sident PoincarĂ© et le Tsar Ă  St PĂ©tersbourg juillet 1914, rĂŽle de l’ambassadeur français en Russie poussant la Russie Ă  la fermetĂ©[23]. CĂŽtĂ© allemand, dĂšs la signature du TraitĂ© de Versailles, le rejet indignĂ© de ce qui fut qualifiĂ© de Diktat[24] conduit au mythe de l’innocence allemande »[25] qui vise Ă  dĂ©montrer que, contrairement Ă  ce qu’affirme l’article 231, les responsabilitĂ©s de la guerre n’incombent pas seulement Ă  l’Allemagne celle-ci, encerclĂ©e et donc menacĂ©e par les puissances de l’Entente au premier chef par la Russie et la France dont l’alliance avait Ă©tĂ© scellĂ©e en 1894, avait dĂ©rapĂ© » dans la guerre par nĂ©cessitĂ© dĂ©fensive. Le thĂšme de l’encerclement devient le leitmotiv de l’argumentation pour dĂ©molir la thĂšse de la culpabilitĂ© allemande. Elle sera reprise par les nazis, qui y ajouteront une dĂ©nonciation des capitalistes juifs » ayant provoquĂ© la guerre par intĂ©rĂȘt Ă©conomique. Des interprĂ©tations historiques qui Ă©voluent- La publication en 1961 de l’ouvrage de Fritz Fischer Les Buts de guerre de l’Allemagne impĂ©riale 1914-1918 fait l’effet d’une bombe outre-Rhin et au-delĂ . Cet ouvrage, dans lequel l’auteur dĂ©nonce la responsabilitĂ© du militarisme -Vocabulaire allemand dans le dĂ©clenchement du conflit, relance un dĂ©bat endormi et entraĂźne une des plus longues et virulentes querelles d’historiens jamais vues La controverse Fischer. En effet, en Ă©tablissant une continuitĂ© historique dans le bellicisme allemand de Bismarck Ă  Hitler, il signifie que le IIIĂšme Reich n’est en rien un accident de l’histoire allemande, et cela au moment oĂč se dĂ©roule le procĂšs Eichmann Ă  JĂ©rusalem 1961 et oĂč se prĂ©pare le procĂšs d’Auschwitz Ă  Francfort 1963. Le dĂ©bat relayĂ© par la presse dĂ©passe alors le seul cercle des historiens et le gouvernement de Bonn prend position dans la controverse preuve s’il en Ă©tait besoin de l’enjeu politique de la question, en coupant les subsides qui lui Ă©taient allouĂ©s -en 1964, la tournĂ©e de Fischer aux États-Unis est donc annulĂ©e, ce qui entraĂźne la mobilisation d’historiens amĂ©ricains et une mini crise » diplomatique. En 2013, l’historien australien Christopher Clark publie Les Somnambules. ÉtĂ© 1914. Comment l’Europe a marchĂ© vers la guerre, qui réévalue Ă  la hausse la responsabilitĂ© des pays de l’Entente principalement Serbie, Russie et France dans le dĂ©clenchement du conflit, relativisant par consĂ©quent celle des puissances centrales[26]. Christopher Clark rĂ©habilite non seulement la thĂ©orie des responsabilitĂ©s partagĂ©es, mais il considĂšre que la Serbie y a jouĂ© un rĂŽle central, jusque-lĂ  trop peu analysĂ©. Selon lui, l’attentat de Sarajevo est le rĂ©sultat de la politique agressive de la Serbie dont les visĂ©es expansionnistes en vue d’unifier la Grande Serbie » se sont manifestĂ©es lors des deux guerres balkaniques. Il considĂšre que le gouvernement serbe Ă©tait au courant du complot visant l’hĂ©ritier du trĂŽne austro-hongrois et qu’il a acceptĂ© l’éventualitĂ© d’un conflit parce qu’il lui semblait servir la cause de la Grande Serbie, ce qui n’a donc pas permis d’apaiser les tensions. Un des reproches adressĂ©s Ă  Christopher Clark est, dans sa tentative de rééquilibrage des responsabilitĂ©s, de minimiser celles de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie dans la gĂ©nĂ©ralisation de la crise aprĂšs l’attentat de Sarajevo et donc de mener une recherche trop orientĂ©e »[27]. Son livre ne peut que trouver un Ă©cho favorable en Allemagne et il l’écrit aprĂšs la dĂ©sintĂ©gration de l’ex Yougoslavie et les multiples conflits qui en dĂ©coulent, alors que la Serbie est atteinte dans son image[28] Les relations de la sociĂ©tĂ© allemande Ă  son passĂ© + Contexte Les somnambules ». Aujourd’hui, majoritairement, les historiens s’accordent sur une responsabilitĂ© partagĂ©e des deux camps[29]. Mais ce qui est flagrant, c’est qu’il y a bien une lecture politique » de la question des responsabilitĂ©s de la Grande guerre
 comme de sa mĂ©moire, l’État cherchant Ă  construire une mĂ©moire officielle. b. CommĂ©morer la Grande guerre Des symboles au service de la mĂ©moire collective La mĂ©moire collective prĂ©sente des caractĂ©ristiques diffĂ©rentes selon les pays belligĂ©rants. Si la Grande Guerre occupe une place particuliĂšre dans la mĂ©moire collective française ou britannique, ce n’est pas le cas en Allemagne. Selon l’historien Gerd Krumeich, Perdue et s’étant dĂ©roulĂ©e hors du territoire allemand, la guerre a Ă©tĂ© lĂąchement refoulĂ©e dĂšs les annĂ©es 1920. Hitler a exploitĂ© le traumatisme de la dĂ©faite et du traitĂ© de Versailles pour accĂ©der au pouvoir, promettant une revanche, d’oĂč l’expression “guerre de trente ans” pour qualifier la pĂ©riode 1914-1945. Puis l’horreur de la pĂ©riode nazie, de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste a totalement Ă©clipsĂ© la PremiĂšre Guerre mondiale. Aujourd’hui, les Allemands l’ont presque oubliĂ©e. Elle ne joue aucun rĂŽle dans notre identitĂ©, individuelle ou collective »[30]. En France, l’idĂ©e d’honorer la dĂ©pouille d’un soldat inconnu germe dĂšs 1916. Il est finalement dĂ©cidĂ© d’inhumer ce Soldat inconnu le 11 novembre 1920, deux ans aprĂšs la fin de la Grande Guerre. C’est ainsi que le 10 novembre 1920, Ă  Verdun[31], parmi les huit cercueils contenant les corps de huit soldats français non identifiĂ©s, rĂ©cupĂ©rĂ©s dans huit secteurs du front, le soldat Auguste Thin, 21 ans, soldat de deuxiĂšme classe du 132e rĂ©giment d’infanterie, choisit quel cercueil ira sous l’Arc de Triomphe en y dĂ©posant un bouquet d’Ɠillets que lui avait remis AndrĂ© Maginot, ministre des Pensions[32]. Le cercueil du Soldat inconnu est transportĂ© Ă  Paris puis placĂ© sous l’Arc de triomphe le 11 novembre 1920, en attendant son inhumation dĂ©finitive le 28 janvier 1921[33]. Pour les combattants du Royaume Uni et du Commonwealth, le coquelicot symbolise les sacrifices de la PremiĂšre Guerre mondiale[34]. Les recettes de la vente servent, maintenant comme alors, Ă  rĂ©pondre aux besoins des anciens combattants. La mĂ©moire de cette guerre est aussi utilisĂ©e Ă  des fins politiques Dans le cadre de la construction d’une Europe unie porteuse de paix reposant sur le couple franco-allemand », comme ce 22 septembre 1984, oĂč le prĂ©sident français François Mitterrand et le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl assistent main dans la main devant l'ossuaire de Douaumont -Ossuaire et cimetiĂšre de Douaumont Ă  une grande cĂ©rĂ©monie Ă  la mĂ©moire des victimes des guerres. Dans les relations internationales, par exemple quand la reconnaissance du gĂ©nocide des ArmĂ©niens -RepĂšre dĂ©grade les relations avec la Turquie qui continue de le nier. Reconnu par la France depuis la loi mĂ©morielle -Vocabulaire du 29 janvier 2001, il l’est dĂ©sormais par une trentaine d’États, dont les États-Unis depuis le 29 octobre 2019, ce qui isole diplomatiquement la Turquie. La commĂ©moration du centenaire entre histoire et diplomatie DĂšs 2012 est lancĂ©e en France la mission du centenaire 14-18. Rassemblant des historiens de tous horizons parfois adversaires farouches dans des controverses historiques[35], elle a pour objectif de rendre visibles l’histoire et les mĂ©moires de la PremiĂšre Guerre mondiale Ă  toutes les Ă©chelles, du local Ă  l’international. Elle initie des projets scientifiques, artistiques, commĂ©moratifs et pĂ©dagogiques. Le travail accompli pendant six ans s’est s’efforcĂ© d’embrasser l’ensemble des dimensions de la guerre[36]. Il s’agit de mieux donner Ă  voir le caractĂšre mondial de la guerre, trop longtemps Ă©troitement considĂ©rĂ©e comme une affaire strictement europĂ©enne Ă  l’occasion du centenaire, le souvenir de la Grande Guerre est commĂ©morĂ© partout[37], et la place des colonies est rĂ©affirmĂ©e[38]. Ce ne sont pas moins de 72 chefs d’État et dĂ©lĂ©gations qui sont invitĂ©s en France le 11 novembre 2018. Cette commĂ©moration est prĂ©sentĂ©e une Ɠuvre de paix ; lors de son discours sous l’Arc de Triomphe, la prĂ©sident de la RĂ©publique a exhortĂ© ses invitĂ©s au combat pour la paix » en refusant le repli, la violence et la domination ». AprĂšs le dĂ©jeuner, certains dirigeants se sont rendus au Forum de Paris sur la paix, dont c’était la premiĂšre Ă©dition[39]. Mais le protocole Ă©tabli par l’ÉlysĂ©e a provoquĂ© un incident diplomatique. Le prĂ©sident serbe s’est trouvĂ© placĂ© dans une tribune secondaire, alors que les vaincus de 1918, notamment le prĂ©sident turc Erdogan et la chanceliĂšre allemande Angela Merkel ont eu droit Ă  la tribune principale le plus choquant pour les Serbes fut la prĂ©sence dans celle-ci du prĂ©sident du Kosovo. L’épisode rappelle qu’en Serbie, oĂč Gavrilo Princip est honorĂ© comme un hĂ©ros national, l’histoire de la PremiĂšre Guerre mondiale est demeurĂ©e, au-delĂ  d’un objet de mĂ©moire, un enjeu politique majeur -et d’autant plus dans un pays dĂ©chirĂ© et humiliĂ© » par l’éclatement de la Yougoslavie[40]. Conclusion En 1924, le journaliste Ă©crivain Alfred Fabre-Luce Ă©crivait L’Allemagne et l’Autriche ont fait les gestes qui rendaient la guerre possible ; la Triple-Entente a fait ce qui la rendait certaine ». Il rĂ©sume bien la rĂ©alitĂ© d’une guerre dans laquelle s’est prĂ©cipitĂ© le continent europĂ©en sans en mesurer toutes les consĂ©quences. Depuis le dĂ©but du conflit et jusqu’à aujourd’hui, cette histoire continue de s’écrire, influencĂ©e par les contextes et les nationalitĂ©s de celles et ceux qui l’observent, par les types et les choix d’archives consultĂ©es, par les Ă©volutions historiographiques qui privilĂ©gient tour Ă  tour histoire militaire, diplomatique, Ă©conomique, sociale et culturelle. Dans cette richesse historiographique et dans les dĂ©bats politiques qu’elle traduit et qu’elle alimente en retour, les causes de 1914 semblent demeurer, comme l’écrit joliment l’historien allemand Joachim KĂ€ppner, un espace d’incertitude historique ». B. MĂ©moires et histoire d’un conflit la guerre d’AlgĂ©rie Jalon MĂ©moires et histoire d’un conflit la guerre d’AlgĂ©rie Introduction Trente ans aprĂšs l’indĂ©pendance algĂ©rienne, on pouvait encore se demander si la guerre d'AlgĂ©rie faisait partie de l'histoire de la France, ou mĂȘme si elle avait jamais eu lieu. En AlgĂ©rie, tout au contraire, celle-ci semblait avoir recommencĂ©, Ă  moins qu'elle n'eĂ»t jamais entiĂšrement cessĂ©. D'un cĂŽtĂ© de la MĂ©diterranĂ©e, une absence de mĂ©moire collective, une volontĂ© officielle d’amnĂ©sie. De l'autre, une hyper-commĂ©moration obsessionnelle, allant jusqu'Ă  la rĂ©surgence du passĂ© dans l'actualitĂ©. Beaucoup d’historiens s’accordent Ă  reconnaitre que les mĂ©moires de ce conflit sont plurielles et cloisonnĂ©es », et ne peuvent donner lieu Ă  une mĂ©moire nationale consensuelle[41] ». Chaque groupe entretient sa mĂ©moire et la transmet en dĂ©formant la rĂ©alitĂ© historique. Or, la guerre d’AlgĂ©rie est aussi un enjeu de politique nationale en France et surtout en AlgĂ©rie et de politique internationale entre les deux pays. Ces deux situations opposĂ©es Ă©taient l'une et l'autre dĂ©favorables Ă  l'Ă©laboration d'un savoir historique rĂ©pondant aux besoins de mĂ©moire des deux peuples sur cette guerre cruelle. Et pourtant, dans les deux pays, le recours Ă  l'histoire est de plus en plus ressenti comme nĂ©cessaire pour aider Ă  en guĂ©rir les sĂ©quelles et pour Ă©viter d'en rĂ©pĂ©ter les malheurs. Comment les mĂ©moires de la guerre d’AlgĂ©rie se construisent et se transmettent-elles ? Quelles rĂ©percussions politiques et gĂ©opolitiques nourrissent-elles ? 1. Des mĂ©moires opposĂ©es, parfois antagonistes À l’issue de la signature des accords d’Évian, les EuropĂ©ens d’AlgĂ©rie sont trĂšs vite amenĂ©s Ă  prendre le chemin de l’exode vers un pays, le leur, oĂč ils ne se sentent pas chez eux. La dĂ©faite française pose aussi trĂšs vite le problĂšme des harkis, troupes supplĂ©tives de l’armĂ©e française qui n’ont officiellement pas le droit d’ĂȘtre recueillis en France. Ainsi, ce sont environ 1 million de pieds-noirs et 40 000 harkis qui arrivent en France et qui construisent et transmettent des mĂ©moires Ă©clatĂ©es. Cet exode est vĂ©cu comme une dĂ©chirure et est entretenue par ces deux communautĂ©s. a. Les mĂ©moires des vaincus Les rapatriĂ©s, ou pieds noirs » Les EuropĂ©ens d’AlgĂ©rie ont vĂ©cu l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie comme une vĂ©ritable trahison encore vivace aujourd’hui. D’oĂč leur complaisance avec les putschistes ou les membres de l’OAS prĂ©sentĂ©s comme des hĂ©ros » auprĂšs des plus extrĂ©mistes alors que de Gaulle est vu comme un traĂźtre ». Leur ressentiment est nourri par l’accueil qui leur fut rĂ©servĂ© en France, oĂč ils trouvent au mieux de l’indiffĂ©rence au pire de l’hostilitĂ©. DĂšs lors, beaucoup de rapatriĂ©s -Vocabulaire s’installent sur les rives de la MĂ©diterranĂ©e et dĂ©veloppent un sentiment de communautĂ© qui pleure le paradis perdu ». Ils cultivent la nostalgĂ©rie » Ă  travers des films comme Le coup de Sirocco » d’Alexandre Arcady ou par des chansons comme Je quitte mon pays » d’Enrico Macias. Plus encore ils dĂ©noncent, comme Thierry Rolando, prĂ©sident du cercle algĂ©rianiste, le fait que l’histoire de l’AlgĂ©rie française s’est Ă©crite trop souvent sans les français d’AlgĂ©rie »[42]. Cette communautĂ© cultive et transmet toujours aujourd’hui une image de leur AlgĂ©rie idĂ©alisĂ©e et heureuse, et pointe les difficultĂ©s actuelles de l’AlgĂ©rie, tout en occultant les pages sombres de la colonisation et les exactions de l’armĂ©e française lors de la guerre. Dans certaines rĂ©gions et dans certaines villes, le vote de cette communautĂ© compte et les politiques exploitent le cloisonnement mĂ©moriel Ă  des fins politiciennes afin de s’assurer de leurs suffrages[43] monuments mĂ©moriels, noms de lieux publics, cĂ©rĂ©monies, journĂ©es de commĂ©moration... Harkis L’histoire des harkis -Vocabulaire membres des troupes supplĂ©tives de l’armĂ©e française est tragique seuls 40 000 d’entre eux sur 300 000 ont pu gagner la France[44], tandis que nombre de ceux qui sont restĂ©s ont Ă©tĂ© assassinĂ©s. De retour en France, souvent de façon illĂ©gale et avec la complicitĂ© d’officiers français, ils sont cantonnĂ©s dans des camps prĂ©caires[45] et oubliĂ©s ». Jusqu’à ce que, dĂšs 1975 et Ă  plusieurs reprises depuis, les enfants de harkis se rĂ©voltent pour dĂ©noncer le sort rĂ©servĂ© Ă  leurs parents par la France. Les descendants de harkis et les harkis eux-mĂȘmes attendent un geste fort du gouvernement français. Aussi, il aura fallu prĂšs de 40 ans pour qu'un prĂ©sident de la RĂ©publique française, Jacques Chirac, reconnaisse enfin publiquement dans la cour des Invalides que la France n'a pas su sauver » ses enfants de la barbarie ». Depuis, chaque PrĂ©sident de la RĂ©publique a apportĂ© sa contribution au travail de vĂ©ritĂ© -ce qui n’exclut pas non plus les arriĂšre-pensĂ©es politiques Ainsi le 14 avril 2012 Ă  Perpignan, le prĂ©sident sortant Nicolas Sarkozy admettait la responsabilitĂ© du gouvernement français dans l'abandon d'une partie des harkis». Le 25 septembre 2016, le PrĂ©sident Hollande dĂ©clare au nom de la France » Je reconnais les responsabilitĂ©s des gouvernements français dans l'abandon des Harkis, des massacres de ceux restĂ©s en AlgĂ©rie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transfĂ©rĂ©es dans les camps en France. Telle est la position de la France. » Le 20 septembre 2021, le prĂ©sident Macron annoncĂ© la prĂ©sentation, d’un projet de loi de reconnaissance et de rĂ©paration » La RĂ©publique a contractĂ© Ă  leur Ă©gard une dette. Aux combattants, je veux dire leur reconnaissance, nous n’oublierons pas. Aux combattants abandonnĂ©s, Ă  leurs familles qui ont subi la prison, je leur demande pardon. Nous n’oublierons pas. Depuis la RĂ©publique s’est ressaisie. Elle s’est engagĂ©e sur la voie de la vĂ©ritĂ© et de la justice. »[46] L’armĂ©e française Il convient de distinguer les militaires de carriĂšre, des appelĂ©s MobilisĂ©s dans le cadre de leur service militaire, sans ĂȘtre prĂ©parĂ©s Ă  l’expĂ©rience qu’ils allaient vivre, les appelĂ©s ont vĂ©cu la guerre comme une tragĂ©die et certains ne s’en sont jamais remis. Ils ont assistĂ©, voire participĂ© aux atrocitĂ©s commises. Leurs paroles se libĂšrent dans de nombreux livres et tĂ©moignages. Ils ont jouĂ© un rĂŽle majeur dans l’échec du putsch[47]. Il n’en va pas de mĂȘme des militaires de carriĂšre. Combattants professionnels aguerris souvent anciens de la guerre d’Indochine, voire de la Seconde Guerre mondiale[48], ils ont largement contribuĂ© Ă  porter de Gaulle au pouvoir en 1958 et ont entretenu avec lui des relations complexes[49], jusqu’à participer Ă  une tentative de putsch en 1961. b. Les mĂ©moires des vainqueurs hĂ©ros et martyrs PrĂ©ambule de la constitution algĂ©rienne 2016- En AlgĂ©rie la guerre est hĂ©roĂŻsĂ©e par le FLN -Vocabulaire qui monopolise la victoire, le pouvoir et la mĂ©moire du conflit. Le silence des mĂ©moires dissidentes s’établit par l’élimination des rivaux et la falsification de l’histoire Cf. la lutte entre le FLN et le MNA -Vocabulaire de Messali Hadj, pionnier de la lutte indĂ©pendantiste, qui se solde par l’élimination des Messalistes par le FLN. Ainsi, malgrĂ© l’antĂ©rioritĂ© de son engagement, Messali Hadj disparaĂźt de l’histoire indĂ©pendantiste, contraint Ă  l’exil en France sous la protection ultime humiliation de ceux qu’il a combattus. Le FLN devient l’acteur unique de la rĂ©sistance anticoloniale et dĂšs 1954, il recourt Ă  la notion religieuse de martyrs » pour cĂ©lĂ©brer les morts de l’ALN, d’oĂč le nom du monument Ă©rigĂ© en 1982 au cƓur d’Alger, participant Ă  la construction d’une mĂ©moire religieuse de la guerre. Dans ce mythe national et religieux, le bilan est surestimĂ© Ă  1,5 million de morts, alors que la rĂ©alitĂ© serait de l’ordre de 250 000. Dans ce contexte, le travail des historiens algĂ©riens est compliquĂ© et il leur est difficile d’interroger le rĂ©cit officiel de la guerre. Les diverses institutions obĂ©issent aux directives politiques du ministre des Anciens Moudjahidines qui dicte ses orientations aux ministĂšres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supĂ©rieur selon le principe Ă©noncĂ© en 1981 que L’histoire ne peut ĂȘtre faite que par ceux qui ont fait la rĂ©volution »[50]. L’histoire mise sous surveillance »[51] a nui au travail des historiens algĂ©riens, mĂȘme si des contestations dĂ©noncent l’histoire officielle et l’usage politique qui en est fait. 2. Des tensions politiques et gĂ©opolitiques La guerre d’AlgĂ©rie alimente encore aujourd’hui des tensions et des prises de position polĂ©miques tant en France que dans les relations franco-algĂ©riennes. a. En France, l’État s’engage dans la reconnaissance de son passĂ©, mais les tensions mĂ©morielles persistent AprĂšs avoir longtemps occultĂ© ce conflit et cru le faire oublier par des lois d’amnistie en 1962 sur les crimes commis pendant le conflit[52], les dirigeants français ont peu Ă  peu rĂ©intĂ©grĂ© le conflit et ses consĂ©quences dans la mĂ©moire nationale La loi du 18 octobre 1999 reconnait l’état de guerre en AlgĂ©rie et le statut d’anciens combattants aux appelĂ©s. Le 5 dĂ©cembre 2002, Jacques Chirac inaugure le premier mĂ©morial national aux soldats français et aux harkis morts en Afrique du Nord de 1952 Ă  1962[53]. En 2012, François Hollande reconnaĂźt la responsabilitĂ© de l’État dans la rĂ©pression du 17 octobre 1961 -Points de vue Pourquoi et comment reconnaĂźtre le massacre du 17 octobre 1961 ? En 2019, Emmanuel Macron a reconnu la responsabilitĂ© de l’armĂ©e dans la disparition du militant anticolonialiste et communiste Maurice Audin La reconnaissance officielle de crimes. En juillet 2020, il a commandĂ© un rapport Ă  Benjamin Stora en juillet 2020 sur les questions mĂ©morielles portant sur la colonisation, et la guerre d’AlgĂ©rie »[54], rapport remis en janvier par l’historien, qui prĂ©conise un certain nombre de mesures, concrĂštes ou symboliques[55]. L’une d’entre elle est appliquĂ©e dans la foulĂ©e, le 2 mars 2021, quand l’ÉlysĂ©e reconnait la responsabilitĂ© de l’armĂ©e française et donc de l’État dans la disparition d’Ali Boumendjel, arrĂȘtĂ©, dĂ©tenu et torturĂ©[56]. Chaque initiative mĂ©morielle rĂ©veille les mĂ©moires antagonistes des diffĂ©rents groupes, pas encore apaisĂ©es et/ou instrumentalisĂ©es. Ainsi en 2005, un projet de loi visant Ă  porter reconnaissance de la nation aux Français rapatriĂ©s art. 1 et Ă  reconnaitre le rĂŽle positif de la prĂ©sence française » art. 4. Si cet article a reçu le soutien marquĂ© des pieds-noirs, il fut dĂ©noncĂ© par les historiens et par les opposants de la colonisation et finalement supprimĂ©. Ce mouvement antirepentance de rĂ©habilitation du passĂ© colonial » [57] se fait entendre quand sous la prĂ©sidence de François Hollande, le 19 mars est choisi comme journĂ©e nationale du souvenir et du recueillement Ă  la mĂ©moire des victimes civiles et militaires de la guerre d’AlgĂ©rie » loi du 6 dĂ©cembre 2012[58]. En effet, le choix de la date divise en raison de l’opposition d’une partie des pieds-noirs et des harkis car s’il s’agit de la date de l’entrĂ©e en vigueur du cessez-le-feu Ă  la suite de la signature des accords d’Évian, qui n’a pas mis fin aux violences[59] Quelle date choisir pour commĂ©morer la fin de la guerre d’AlgĂ©rie en France ? La persistance de ces conflits mĂ©moriels contrarie le cheminement de la France, engagĂ© tardivement, difficilement et encore de maniĂšre incomplĂšte, sur le chemin de la reconnaissance de son passĂ©. b. Des tensions qui affectent les relations franco-algĂ©riennes Ces difficultĂ©s semblent encore plus insurmontables dans le dialogue franco-algĂ©rien. En 2000, Ă  la suite de la loi du 19 octobre 1999, le prĂ©sident algĂ©rien Abdelaziz Bouteflika, en voyage officiel en France, exprime devant l’AssemblĂ©e nationale la volontĂ© d’une rĂ©conciliation avec la France, mais les tensions persistent les diffĂ©rends mĂ©moriels semblent insurmontables, y compris quand en 2003, le prĂ©sident français Jacques Chirac s’engage devant le Parlement algĂ©rien Ă  libĂ©rer toutes les mĂ©moires et reconnaitre la part de responsabilitĂ© de la France dans cette histoire commune, sans pour autant parler repentance et encore moins excuses. Chemin suivi par Nicolas Sarkozy puis François Hollande. Alors qu’il n’était encore que candidat fĂ©vrier 2017, Emmanuel Macron dans son interview Ă  Echourouk News, le candidat Ă  la prĂ©sidentielle est revenu sur la prĂ©sence française en AlgĂ©rie La colonisation fait partie de l'histoire française. C'est un crime, c'est un crime contre l'humanitĂ©, c'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passĂ© que nous devons regarder en face en prĂ©sentant aussi nos excuses Ă  l'Ă©gard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes »[60]. Ces propos ont naturellement provoquĂ© de vives rĂ©actions en France, notamment parmi les rapatriĂ©s. ArrivĂ© au pouvoir, son discours Ă©volue, et dans sa lettre de mission Ă  Benjamin Stora juillet 2020, il Ă©crit Je souhaite m’inscrire dans une volontĂ© nouvelle de rĂ©conciliation des peuples français et algĂ©riens. Le sujet de la colonisation et de la guerre d’AlgĂ©rie a trop longtemps entravĂ© la construction entre nos deux pays d’un destin commun en MĂ©diterranĂ©e. 
 Le devoir de notre gĂ©nĂ©ration est de faire en sorte qu’ils n’en portent pas les stigmates pour Ă©crire Ă  leur tour leur histoire. Ce travail de mĂ©moire, de vĂ©ritĂ© et de rĂ©conciliation, pour nous-mĂȘmes et pour nos liens avec l’AlgĂ©rie, n’est pas achevĂ© et sera poursuivi ». En AlgĂ©rie, le gouvernement rejette toute remise en cause de son histoire officielle et exige des excuses de la part de la France. Ainsi, le gouvernement algĂ©rien a de nouveau rĂ©clamĂ© lundi 8 fĂ©vrier 2021 la reconnaissance des crimes coloniaux » de la France, par la voix de son porte-parole Ammar Belhimer, aprĂšs la publication du rapport de l’historien français Benjamin Stora sur la rĂ©conciliation mĂ©morielle entre les deux pays[61]. Or, pour l’instant, si Emmanuel Macron a accompli des actes symboliques » pour apaiser les mĂ©moires, il a exclu de prĂ©senter les excuses » demandĂ©es par Alger. Conclusion La guerre d’AlgĂ©rie occupe une place particuliĂšre dans l’histoire de France et de l’AlgĂ©rie et alimente des mĂ©moires cloisonnĂ©es et conflictuelles, qui posent aux responsables politiques de redoutables problĂšmes des deux cĂŽtĂ©s de la MĂ©diterranĂ©e. Comme toujours quand les sociĂ©tĂ©s sont mises en tensions par des mĂ©moires tourmentĂ©es, les historiens ont un rĂŽle de premiĂšre importance Ă  jouer pour Ă©clairer voire rĂ©parer le rapport de leurs contemporains Ă  leur passĂ© Demain, vers une histoire rĂ©conciliĂ©e ? II. Histoire, mĂ©moire et justice Axe 2 Avec l'Ă©clatement de la Yougoslavie dans les annĂ©es 1990 et le gĂ©nocide perpĂ©trĂ© contre les Tutsi au Rwanda en 1994, la communautĂ© internationale assiste, impuissante, Ă  la rĂ©surgence de violences de masse. L'ampleur des crimes commis accĂ©lĂšre la crĂ©ation de juridictions destinĂ©es Ă  juger les responsables. Comment la justice, en se saisissant de ces crimes aux Ă©chelles locales, nationales et internationales, peut-elle aider les sociĂ©tĂ©s et les États Ă  se reconstruire aprĂšs des conflits majeurs ? A. La construction d’une justice pĂ©nale internationale face aux crimes de masse le tribunal pĂ©nal international pour l’ex-Yougoslavie TPIY Le TPIY, en se saisissant de ces crimes de guerre, a-t-il eu un effet sur la construction de la paix et la reconstruction des sociĂ©tĂ©s et des États des Balkans ? 1. Le contexte l’implosion de la Yougoslavie[62] Au dĂ©but des annĂ©es 1990, la RĂ©publique socialiste fĂ©dĂ©rative de Yougoslavie Ă©tait une fĂ©dĂ©ration constituĂ©e de six rĂ©publiques la Bosnie-HerzĂ©govine, la Croatie, la MacĂ©doine, le MontĂ©nĂ©gro, la Serbie et la SlovĂ©nie. Outre ces six rĂ©publiques, deux rĂ©gions, situĂ©es en Serbie, le Kosovo et la VoĂŻvodine, avaient le statut de province autonome. La Yougoslavie a Ă©tĂ© dirigĂ©e depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1980 par Tito Josip Broz, un dirigeant opposĂ© Ă  Staline et adepte du non-alignement pendant la guerre froide, mais exerçant le pouvoir d’une maniĂšre souvent qualifiĂ©e de stalinienne. Avec la chute du communisme et les rĂ©surgences nationalistes en Europe de l’Est Ă  la fin des annĂ©es 1980 et 1990, la Yougoslavie connaĂźt une pĂ©riode de profonde crise politique et Ă©conomique. Le 25 juin 1991, la SlovĂ©nie et la SlovĂ©nie quittent officiellement la fĂ©dĂ©ration yougoslave en proclamant leur indĂ©pendance. Mais, si le retrait des SlovĂšnes de la fĂ©dĂ©ration yougoslave s’est fait pratiquement sans combats, l’importante minoritĂ© serbe de Croatie refuse de reconnaĂźtre le nouvel État croate, invoquant son droit de demeurer au sein de la Yougoslavie. Les tensions s’aggravent en octobre 1991, quand le parlement de Bosnie-HerzĂ©govine adopte une rĂ©solution de souverainetĂ© ; Radovan Karadzic, le leader des Serbes de Bosnie, prononce alors un discours menaçant et quitte Sarajevo pour Ă©tablir Ă  Banja Luka le gouvernement de la Republika Srpska, rattachĂ©e Ă  la Yougoslavie. En fĂ©vrier 1992, la Bosnie fait entĂ©riner l’indĂ©pendance bosniaque par rĂ©fĂ©rendum[63]. Le 5 avril 1992, malgrĂ© la reconnaissance de la Bosnie HerzĂ©govine par la communautĂ© internationale, dĂ©bute le siĂšge de Sarajevo par les forces serbes plus prĂ©cisĂ©ment par l’ancienne armĂ©e yougoslave, JNA, appuyĂ©e par des groupes paramilitaires ; le siĂšge dure jusqu’aux accords de paix de Dayton, nĂ©gociĂ©s en novembre 1995 et signĂ©s Ă  Paris le 14 dĂ©cembre 1995. On estime Ă  plus de 100 000 le nombre de tuĂ©s dans ce conflit, Ă  plusieurs milliers le nombre de femmes bosniaques violĂ©es[64], et Ă  deux millions de personnes soit plus de la moitiĂ© de la population le nombre de dĂ©placĂ©s Ă  cause de la guerre entre avril 1992 et novembre 1995. Des camps de dĂ©tention sont mis en place par toutes les parties belligĂ©rantes, notamment Ă  Prijedor, Omarska, Konjic et Dretelj. L’épisode le plus sanglant est le massacre en juillet 1995 de 8 000 Bosniaques dans l’enclave de Srebrenica, pourtant placĂ©e sous la protection de l’ONU. En l’espace de quelques jours, au dĂ©but du mois de juillet, les femmes et les enfants sont forcĂ©s de quitter la ville, et plus de 8 000 hommes et garçons musulmans de Bosnie sont exĂ©cutĂ©s par les forces serbes. Le TPIY a qualifiĂ© ce crime de gĂ©nocide et a condamnĂ© le gĂ©nĂ©ral Mladic. Des casques bleus nĂ©erlandais ont vu leur responsabilitĂ© retenue pour avoir participĂ© avec les unitĂ©s serbes Ă  la sĂ©paration des hommes et des femmes. 2. La mise en place du tribunal et ses effets Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles Restaurer la paix par la justice + Chronologie Le TPIY est le premier tribunal international chargĂ© de juger des auteurs de crimes de guerre depuis les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo. Sa crĂ©ation a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e en mai 1993 par l’ONU Ă  la demande du gouvernement de Bosnie-HerzĂ©govine, Ă  la suite du rapport d’une commission d’experts qui fait Ă©tat de violations massives et systĂ©matiques des droits de l’homme en Bosnie » La justice comme ultime recours ? L’article 2 de son statut stipule qu’il est habilitĂ© Ă  poursuivre toute personne accusĂ©e de gĂ©nocide, crimes contre l’humanitĂ©, violation des lois ou coutumes de guerre, autres infractions graves aux Conventions de GenĂšve
 Le procĂšs de Radislav Krstic- Entre 1994 et 2017 dernier jugement il met en accusation 161 personnes. AprĂšs l’audition de 4650 tĂ©moins pendant plus de 10 000 jours de procĂšs, 37 procĂ©dures ont Ă©tĂ© closes ou actes d’accusation retirĂ©s, 13 personnes ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es dans les pays de l’ex-Yougoslavie pour y ĂȘtre jugĂ©es, 19 ont Ă©tĂ© acquittĂ©es et 90 condamnĂ©es 70% de Serbes, 20% de Croates. Plusieurs chefs d’État et gĂ©nĂ©raux ont Ă©tĂ© mis en cause Slobodan Milosevic, le prĂ©sident de la Serbie, Radovan Karadzic, l’ancien prĂ©sident de la RĂ©publique Serbe de Bosnie, et Ratko Mladic, gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e serbe[65]. Le procĂšs de S. Milosevic pour crimes de guerre, crime contre l’humanitĂ© et gĂ©nocide, ne s’est pas achevĂ© car l’accusĂ© est mort en 2006. Mais S. Karadzic a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  40 ans de prison pour crimes contre l’humanitĂ© et crimes de guerre. R. Mladic a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  la prison Ă  vie pour gĂ©nocide, crime contre l’humanitĂ© et crime de guerre. Le TPIY est une Ă©tape importante dans la mise en place de la Cour PĂ©nale Internationale, premiĂšre juridiction permanente dĂ©cidĂ©e en 1998 et qui siĂšge depuis 2002. Quatre types de crimes relĂšvent de sa compĂ©tence le gĂ©nocide, les crimes contre l’humanitĂ© et les crimes de guerre commis aprĂšs le 2 juillet 2002 et depuis 2018 le crime d’agression. 18 juges sont Ă©lus pour un mandat de 9 ans par l’AssemblĂ©e des 122 États qui en font partie. Si la portĂ©e internationale de l’expĂ©rience du TPIY est indĂ©niable, sa contribution Ă  une Ă©ventuelle rĂ©conciliation entre les parties du conflit rĂ©gional reste discutĂ©e -Points de vue La justice du TPIY une justice des vainqueurs ? B. La justice Ă  l’échelle locale les tribunaux gacaca face au gĂ©nocide des Tutsi Jalon AprĂšs le gĂ©nocide au cours duquel un million de Tutsi sont assassinĂ©s en 1994 au Rwanda, les nouvelles autoritĂ©s se heurtent au dĂ©fi de juger les responsables et de refonder la nation. La crĂ©ation, en 2001, des tribunaux gacaca s'inscrit dans la volontĂ© de rendre, par les acteurs du drame, une justice de proximitĂ© intimement liĂ©e aux modalitĂ©s du gĂ©nocide. En quoi les gacaca constituent-ils un processus judiciaire destinĂ© Ă  rĂ©concilier la sociĂ©tĂ© rwandaise ? 1. Le gĂ©nocide des Tutsi au Rwanda[66] Il y a vingt ans, entre le 7 avril et le dĂ©but du mois de juillet 1994, huit cent mille Ă  un million de Tutsi rwandais sont morts assassinĂ©s. AssassinĂ©s parce qu’ils Ă©taient tutsi et pour la plupart, assassinĂ©s dĂšs les toutes premiĂšres semaines du gĂ©nocide tant furent grandes l’efficacitĂ© et l’imagination meurtriĂšre des tueurs. À l’issue des trois mois de l’immense massacre, on ne comptait que trois cent mille survivants. »[67] a. La racialisation et les premiers massacres La transformation des Tutsi en groupe ennemi destinĂ© Ă  disparaĂźtre dans d’atroces souffrances rĂ©sulte d’un long processus de racialisation de la sociĂ©tĂ© rwandaise depuis l’époque coloniale allemande puis belge. Les Belges s’appuient sur les Tutsi et marginalisent les Hutus qui dĂ©veloppent la thĂšse de l’origine Ă©trangĂšre des Tutsis EuropĂ©ens noirs », juifs d’Afrique », cafards »... En 1959, une premiĂšre guerre civile embrase le pays, et elle s’accompagne de massacres de Tutsi. L’indĂ©pendance du Rwanda 1962 accroit la persĂ©cution la majoritĂ© hutu s’empare du pouvoir avec le soutien de l’Église catholique et du colonisateur belge. 300 000 Tutsi fuient en Ouganda et s’organisent politiquement, formant la base du futur FPR de Paul KagamĂ©[68]. Le rĂ©gime Ă©volue vers une dictature quand en 1973 un coup d’État porte au pouvoir le prĂ©sident JuvĂ©nal Habyarimana soutenu par la France. De nouveaux massacres de Tutsi se produisent en 1990 et 1992. b. La dĂ©mocratisation du Rwanda vers une surenchĂšre extrĂ©miste L’instauration du multipartisme en juin 1991 puis la formation d’un gouvernement de coalition en 1992 et l’ouverture Ă  des nĂ©gociations avec le FPR en Tanzanie se heurtent Ă  une surenchĂšre extrĂ©miste. En effet, les accords d’Arusha aoĂ»t 1993, qui prĂ©voyaient un partage du pouvoir avec l’opposition modĂ©rĂ©e et le FPR, sont rejetĂ©s par les extrĂ©mistes Hutu. L’État-major des Forces armĂ©es rwandaises FAR Ă©tend son plan d’identification de l’ennemi » datant de 1992 aux Tutsi de l’intĂ©rieur, Ă  ceux du FPR et aux Hutu modĂ©rĂ©s. La France renforce son aide militaire au Rwanda. Un nouveau parti extrĂ©miste, le CDR Coalition pour la DĂ©fense de la RĂ©publique est constituĂ© en lien avec la Radio-TĂ©lĂ©vision des Mille Collines. Ce mĂ©dia créé en 1993 joue un rĂŽle majeur dans la mĂ©canique gĂ©nocidaire. c. Le gĂ©nocide Le 6 avril 1994, le prĂ©sident Habyarimana est tuĂ© dans la destruction de son avion par un missile lancĂ© par les forces rwandaises. C’est le dĂ©but des massacres. En 100 jours, ce sont 800 000 Ă  un million de Tutsi et de Hutu modĂ©rĂ©s qui pĂ©rissent. Les modes opĂ©ratoires privilĂ©gient l’arme blanche la machette, les gourdins, les bĂątons. Les viols et tortures sont systĂ©matiques. Des massacres sont commis dans des Ă©glises et des Ă©coles Ă  l’appel des prĂȘtres, des instituteurs. L’extermination se fait mĂ©thodiquement, avec un rendement » comparable Ă  celui de la Shoah. Le FPR commandĂ© par Paul KagamĂ© prend rapidement de contrĂŽle d’une partie du pays et parvient Ă  stopper le gĂ©nocide. Seule Ă©chappe au FPR la zone humanitaire sĂ»re » contrĂŽlĂ©e par les militaires français de l’opĂ©ration turquoise que l’ONU a autorisĂ©e. Le rĂŽle jouĂ© par la France dans le gĂ©nocide a longtemps alimentĂ© les polĂ©miques. Il a rĂ©cemment fait l’objet d’un rapport, produit Ă  la demande du chef de l’État par une commission, sous la direction de l’historien Vincent Duclert 2021. Ce document de 1200 pages pointe du doigt les responsabilitĂ©s accablantes », la faillite » et l’ aveuglement » de la France dans cette crise[69]. 2. La rĂ©ponse judiciaire Un gĂ©nocide singulier qui demande une rĂ©ponse singuliĂšre. Deux outils sont créés le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda, créé le 8 novembre 1994, et des tribunaux rwandais dit gacaca[70] -Vocabulaire Ă©tablis par la loi de 2001[71]. a. La mise en place des gacaca La crĂ©ation des tribunaux gacaca- En 2001, une loi institue les juridictions gacaca. Deux lois suivantes 2004, 2007, amĂ©nagent l’organisation de ces juridictions. Elles privilĂ©gient les procĂ©dures d’aveu et de plaidoyer de culpabilitĂ© et encouragent l’application de peines alternatives Ă  l’incarcĂ©ration. L’une des justifications qui prĂ©side Ă  la mise en place des juridictions gacaca rĂ©side dans la volontĂ© affichĂ©e d’éradiquer la culture de l’impunitĂ© ». Cette dĂ©cision renvoie Ă  une loi d’amnistie jadis adoptĂ©e en 1963 pour amnistier tous les auteurs des crimes commis en 1959 lors de la rĂ©volte sociale » anti-tutsi et prĂ©sente les massacres commis contre les Tutsi comme un Ă©vĂ©nement fondamental dans la lutte pour l’indĂ©pendance du pays. b. Une justice horizontale Les juridictions gacaca sont souvent prĂ©sentĂ©es comme la rĂ©surgence d’un modĂšle traditionnel » de rĂšglement des conflits. En fait elles sont bien Ă©loignĂ©es de leurs ancĂȘtres, tant par les crimes qu’elles jugent que par les multiples emprunts au rituel judiciaire moderne ce qui compte ici, c’est que par leur horizontalitĂ©, ces tribunaux rĂ©pondent Ă  la spĂ©cificitĂ© du gĂ©nocide. Audience d’un tribunal gacaca en 2005- Un gĂ©nocide de voisins, une justice de voisins. Les juges ne sont pas des professionnels, on les appelle inyangamugayo, ils sont Ă©lus par leurs communautĂ©s de base et sont souvent des rescapĂ©s ou des tĂ©moins directs[72]. Les survivants et les accusĂ©s ne sont pas reprĂ©sentĂ©s par des avocats les voisins jugent leurs voisins Ă  l’échelle micro-locale. La massivitĂ© de la participation au gĂ©nocide a pour Ă©cho la multiplication des tribunaux gacaca. Les gacaca s’ancrent dans une proximitĂ© avec les lieux, les acteurs, la langue Ă  la diffĂ©rence du TPIR qui est vertical, Ă  distance de l’évĂšnement. Pas d’estrade, pas de faste, aucun signe surplombant de justice. Une phrase, prononcĂ©e par le procureur de la RĂ©publique devant une foule de prisonniers de la commune de Ntongwe en 2001 condensait le principe de fonctionnement des gacaca Ton procureur sera ton voisin, ton avocat sera ton voisin, ton juge sera ton voisin ». c. TĂ©moignages, aveux et rĂ©sistances La plupart des prĂ©venus avouent une participation directe au massacre, mais le procĂšs permet, grĂące aux tĂ©moignages Des tĂ©moignages pour comprendre le processus gĂ©nocidaire de dĂ©terminer les degrĂ©s d’implication et de responsabilitĂ©. La procĂ©dure porte une attention particuliĂšre Ă  la complicitĂ© », une notion examinĂ©e au mĂȘme titre que le meurtre. En outre, les procĂšs gacaca ont Ă©galement mis Ă  jour de nombreuses formes de rĂ©sistances au gĂ©nocide, comme des tentatives de sauvetage de Tutsi par leurs voisins hutu. La justice rendue par les tribunaux gacaca sous le slogan vĂ©ritĂ©, justice, rĂ©conciliation » sont un matĂ©riau prĂ©cieux pour la recherche historique Par leur volume exceptionnel 12 000 tribunaux, 140 000 juges, 60 millions de documents d’archives, 2 millions de procĂšs Les procĂšs et les verdicts. Par leur nature Le Rwanda a mis en place une entreprise complexe de mise en rĂ©cit judiciaire de l’histoire du gĂ©nocide qui invite Ă  interroger les rapports entre histoire et justice, singuliĂšrement lorsque ces notions sont convoquĂ©es dans la dĂ©finition du dessein politique de la rĂ©conciliation. »[73] Une justice liĂ©e aux modalitĂ©s du gĂ©nocide Mais pour l’heure, toute tentative de bilan paraĂźt prĂ©maturĂ©e. Les effets sociaux du processus gacaca relĂšvent d’une recherche en soi ». HĂ©lĂšne Dumas, 2015 III. L’histoire et les mĂ©moires du gĂ©nocide des Juifs et des Tsiganes objet de travail conclusif Introduction Manuel L’axe 1 nous a permis d’interroger les relations entre les mĂ©moires et l'histoire des conflits. Comment se souvient-on des conflits ? Comment les commĂ©morer ? En quoi l'histoire contribue-t-elle Ă  apaiser les tensions mĂ©morielles ? Sujets sensibles ayant entraĂźnĂ© de vifs dĂ©bats politiques, les exemples des causes de la PremiĂšre Guerre mondiale ainsi que des mĂ©moires de la guerre d'AlgĂ©rie vous ont permis d'Ă©tudier ces questions. Avec l’axe 2, nous avons Ă©tudiĂ© comment la justice tente, Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles, de traduire devant des tribunaux les responsables de crimes de masse et ainsi de contribuer Ă  la reconstruction des sociĂ©tĂ©s et États. Si, Ă  partir des annĂ©es 1970, une justice transitionnelle se met en place, les crimes commis dans les annĂ©es 1990 en Yougoslavie et au Rwanda accĂ©lĂšrent l'institutionnalisation d'une justice pĂ©nale internationale. L’objet de travail conclusif nous conduira Ă  Ă©tudier comment le gĂ©nocide des juifs et des Tsiganes -Sinti et Roms. Vocabulaire s'est inscrit dans la mĂ©moire collective de la Seconde Guerre mondiale en Europe et aux États-Unis. Depuis les annĂ©es 1970, l'hommage patriotique aux combattants morts Ă  la guerre a fait place Ă  un devoir universel de mĂ©moire, cĂ©lĂ©brant les droits de l'Homme et la tolĂ©rance. Comment les mĂ©moires du gĂ©nocide des juifs et des tsiganes se sont-elles transmises depuis 1945 ? A. Lieux de mĂ©moire du gĂ©nocide des Juifs et des Tsiganes 1. Lieux et non-lieux de mĂ©moire Les gĂ©nocides de la Seconde Guerre mondiale reprĂ©sentent, dans le monde occidental, le paroxysme des tourments en tant que supplices et tortures, en tant que souffrances affectives et morales, et, enfin, en tant que souvenir qui continue de hanter nos sociĂ©tĂ©s contemporaines. Le champ mĂ©moriel occupe, depuis le tournant des annĂ©es 1970-1980, de nouvelles fonctions sociales et politiques Ă  l’échelle individuelle et collective, au point que cette pĂ©riode est parfois qualifiĂ©e de Memory Boom -Sondage Au cours de ces dĂ©cennies, la notion de devoir de mĂ©moire » -Vocabulaire s’est progressivement imposĂ©e en France, dans le discours social et politique[74]. Cette Ăšre mĂ©morielle est marquĂ©e par la cohabitation de trois paradigmes fondamentaux Celui des lieux de mĂ©moire » dĂ©veloppĂ© par l’historien Pierre Nora -Vocabulaire Celui du travail de mĂ©moire » auquel le philosophe Paul Ricoeur a notamment contribuĂ©. Celui des cadres de la mĂ©moire », issu des rĂ©flexions du sociologue Maurice Halbwachs sur les conditions sociales de la production et de l’évocation des souvenirs 1925. Toutefois, pour chacun de ces auteurs, la problĂ©matique gĂ©ographique reste secondaire, ce qui est dĂ©concertant car les mĂ©moires, en raison de leur caractĂšre polysĂ©mique, affectent les espaces dans lesquels elles s’enracinent. La mĂ©moire des lieux et les lieux de mĂ©moire constituent un Ă©lĂ©ment clef de cette mĂ©moire collective spatialisation et historicisation s’y entremĂȘlent pour lutter contre l’oubli. L’un des points communs Ă  la plupart des gĂ©nocides[75] est que ceux qui les ont perpĂ©trĂ©s ont tout fait pour qu’il ne subsiste plus trace de leur crime. Si on ajoute Ă  cette destruction des traces la rĂ©ticence Ă  des degrĂ©s divers des pouvoirs et des sociĂ©tĂ©s Ă  promouvoir la mĂ©moire d’un massacre, assimilable Ă  une sorte de dĂ©ni » collectif -Fiches de lecture + Points de vue Fallait-il reconnaĂźtre la responsabilitĂ© de la France dans la dĂ©portation des juifs, on aboutit Ă  la conclusion qu’il est souvent difficile de faire du lieu d’un gĂ©nocide un lieu de mĂ©moire il est bien souvent presque un non-lieu, tant au niveau des traces matĂ©rielles qu’au niveau de la mĂ©moire nationale. De cela, le cas de l’effacement des traces de la Shoah en Pologne est parfaitement reprĂ©sentatif. En effet, alors que les nazis dĂ©cident de planifier dans le plus grand secret la solution finale de la question juive » Ă  la confĂ©rence de Wannsee 20 janvier 1942 et que, dans la foulĂ©e, des grands centres de mise Ă  mort sont construits en Pologne Belzec, Sobibor, Treblinka et deux bunkers Ă  Auschwitz-Birkenau, Himmler charge l’un des commandants des sections meurtriĂšres Einsatzgruppen, l’architecte Paul Blobel, d’ effacer les traces des exĂ©cutions »[76]. L’effacement des traces se poursuivit avec la destruction totale des camps de Belzec, Sobibor et Treblinka, et des crĂ©matoires de Birkenau[77]. Ces lieux de mĂ©moire sont restĂ©s peu nombreux jusqu'aux annĂ©es 1970, puis ils se sont multipliĂ©s notamment du fait de l’action de groupes mĂ©moriels[78] -davantage pour le gĂ©nocide des juifs que pour celui des Tsiganes, malgrĂ© un dĂ©veloppement rĂ©cent de la production historique et mĂ©morielle sur le sujet[79]. Chronologie Les lieux de mĂ©moire peuvent ĂȘtre des lieux d’arrestation, de regroupement ou d’extermination, aux infrastructures du gĂ©nocide des juifs et des Tsiganes, in situ. Ils peuvent aussi avoir Ă©tĂ© implantĂ©s ex situ, dans d’autres lieux, Ă  la portĂ©e symbolique plus ou moins prononcĂ©e Paris[80], JĂ©rusalem[81], Washington[82], Berlin[83]. 2. Lieux de mĂ©moire in situ et ex situ histoire, dispositifs et questionnements actuels a. Les musĂ©es-mĂ©moriaux ex situ ÉlĂ©ments substantiels de la mondialisation et de la mĂ©tropolisation, les musĂ©es, gĂ©nĂ©ralement conçus par des starchitectes » renommĂ©s[84], assemblent Ă  travers de subtiles mises en scĂšnes les Ă©chelles locales, mondiales et temporelles L’ancrage territorial s’effectue par le biais de marqueurs, visibles et symboliques Ă  la fois arbres[85], murs porteurs de noms
 Le musĂ©e de Washington jouxte les autres grands mĂ©moriaux et musĂ©es nationaux, sur le cĂ©lĂšbre Mall; 2. Berlin, ville mĂ©moire des gĂ©nocides- le MĂ©morial aux Juifs assassinĂ©s d’Europe et le mĂ©morial aux Sinti et Roms assassinĂ©s, Ă  Berlin, cĂŽtoient, au cƓur de la capitale rĂ©unifiĂ©e, la porte de Brandebourg et le bunker d’Hitler. Les jumelages entre les musĂ©es mĂ©tropolitains et les musĂ©es installĂ©s sur les centres de mise Ă  mort, les prĂȘts et dons d’archives et d’objets, les multiples Ă©changes et connexions effectuĂ©s Ă  partir des sites Internet des trois plus importants musĂ©es-mĂ©moriaux Yad Vashem, Washington Contre l’intolĂ©rance le musĂ©e de l’Holocauste de Washington et Paris ; la circulation des visiteurs, devenus tĂ©moins, passeurs et porteurs de mĂ©moires Ă  l’issue de leurs visites dans les grands musĂ©es-mĂ©moriaux prestigieux au cƓur de villes mondiales, le dĂ©veloppement du tourisme mĂ©moriel et patrimonial contribuent Ă  produire des territoires circulatoires de cette mĂ©moire, eux-mĂȘmes producteurs de mĂ©moires collectives. Ces dynamiques circulatoires attĂ©nuent la distance spatiale avec les lieux d’annihilation, entre ici », le musĂ©e et lĂ -bas » les camps. En dĂ©pit de sa dimension europĂ©enne, la Shoah constitue un Ă©vĂ©nement mondial les principaux foyers historiques du judaĂŻsme se sont dĂ©placĂ©s de l’Europe vers l’AmĂ©rique du Nord et IsraĂ«l principalement, mais aussi en Australie, en Afrique du Sud ou en AmĂ©rique latine. Dans ce contexte gĂ©nĂ©ral, l’édification des musĂ©es-mĂ©moriaux s’organise principalement autour de trois grandes pĂ©riodes juste aprĂšs la Shoah, puis dans le contexte de la Guerre froide, de la Guerre des Six Jours et de celle du Kippour, et enfin dans le contexte de la chute du Mur et de l’effondrement du Rideau de fer[86]. b. Les musĂ©es-mĂ©moriaux in situ En 1947, le site d'Auschwitz-Birkenau en Pologne, Ă  l’Ouest de Cracovie, Ă  proximitĂ© de la frontiĂšre tchĂšque est devenu un musĂ©e. Il est alors devenu un lieu de mĂ©moire, de pĂ©dagogie, de transmission, mais aussi le théùtre d'affrontements de mĂ©moires concurrentes catholique, communiste et rĂ©sistante, juive Conflits mĂ©moriels Ă  Auschwitz. Qu'Auschwitz soit devenu un musĂ©e, dans sa dĂ©nomination comme dans sa rĂ©alitĂ©, est en soi incongru. Si un musĂ©e, en effet, a pour objectif de conserver et de montrer au public des Ɠuvres d'art, produits de la culture, celui d'Auschwitz tĂ©moigne d'une Ă©clipse dans la culture, d'un Ă©pisode de dĂ©civilisation. Un tel Ă©tablissement Ă©tait sans prĂ©cĂ©dent, mais la fin de la Seconde Guerre mondiale a vu se dessiner un mouvement de conservation des tĂ©moins de la barbarie »[87]. À des Ă©chelles plus modestes que les musĂ©es-mĂ©moriaux de renommĂ©e mondiale, de multiples initiatives sont Ă  l’origine de nombreux musĂ©es-mĂ©moriaux, par exemple en France Le site-mĂ©morial du camp des Milles[88] Bouches-du-RhĂŽne. Le camp de Gurs PyrĂ©nĂ©es atlantiques[89]. Le MĂ©morial des enfants juifs exterminĂ©s de la Maison d’Izieu[90] Ain. Le mĂ©morial du camp de Rivesaltes[91] PyrĂ©nĂ©es orientales. Le lieu de mĂ©moire du Chambon-sur-Lignon[92] Haute-Loire, etc. 
ce qui n’empĂȘche pas certains sites d’ĂȘtre abandonnĂ©s Ă  un injustifiable oubli, comme le camp tsigane de Montreuil-Bellay[93]. Les musĂ©es-mĂ©moriaux in situ sont des lieux oĂč des Ă©motions la terreur, la peur, l'Ă©pouvante ont Ă©tĂ© produites et subies. Leurs mises en tourisme s'appuient sur ces Ă©motions, pour les faire connaĂźtre et s'en souvenir, en fondant une relation lieu-histoire-mĂ©moire accessibles par la visite. Les Ă©motions constituent, ce faisant, la modalitĂ© humaine Ă©vidente pour rattacher un moment politique majeur d'inhumanitĂ© Ă  un prĂ©sent d'expĂ©riences individuelles et collectives. Ces lieux historiques sont donc devenus des dispositifs spatiaux touristiques. Le principal vecteur de mĂ©diation mobilisĂ© aujourd'hui par la mise en tourisme des lieux de mĂ©moire douloureuse est celui de l'expĂ©rience qui vise Ă  immerger le touriste dans un espace-temps oĂč il expĂ©rimente, et Ă©prouve le lieu, au double sens de ressentir et de mettre Ă  l'Ă©preuve. Le registre de l’émotion fait donc partie de l’actuelle panoplie professionnelle et opĂ©rationnelle de la mise en tourisme les corps et les affects dĂšs lors mobilisĂ©s dans et par la mĂ©diation entre des lieux et des publics, et les lieux de mĂ©moire douloureuse n’y Ă©chappent pas, ce qui ne va pas sans soulever quelques questionnements historiques et Ă©thiques[94]. Quels que soient leurs lieux d’édification, in situ comme ex situ, par l’émotion suscitĂ©e et au-delĂ  de l’émotion suscitĂ©e, les lieux de mĂ©moire se voient assigner plusieurs fonctions Une fonction mĂ©morielle assurer la transmission de la mĂ©moire des gĂ©nocides. Une fonction pĂ©dagogique s’adresser aux jeunes gĂ©nĂ©rations pour les associer au devoir de mĂ©moire. Une fonction politique mettre en garde, enraciner les valeurs de la dĂ©mocratie et des droits de l’homme. B. Juger les crimes nazis aprĂšs Nuremberg Il s’agit de montrer comment des États ou des individus ont pu engager des actions en justice aprĂšs la guerre[95]. Il s’agit surtout de montrer comment les sociĂ©tĂ©s ont fait face Ă  leur passĂ© Ă  l’occasion de ces procĂšs, comment la justice s’est appuyĂ©e sur la recherche historique et a contribuĂ© Ă  l’évolution des mĂ©moires des Ă©vĂšnements de la Seconde Guerre mondiale. Ces procĂšs mĂ©moriels » ont contribuĂ© Ă  ancrer dans la sociĂ©tĂ© l’idĂ©e d’un devoir de mĂ©moire -Vocabulaire notamment en France Ă  la fin des annĂ©es 1980 et au dĂ©but des annĂ©es 1990. Quel rĂŽle les procĂšs mĂ©moriels ont-ils jouĂ© dans la transmission de la mĂ©moire de la Shoah ? 1. Juger les crimes nazis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale AprĂšs Nuremberg, des tribunaux internationaux et nationaux jugent une partie des principaux criminels nazis. Les procĂšs qui ont suivi sont souvent dĂ©signĂ©s collectivement par l'expression les autres procĂšs de Nuremberg », sous l’autoritĂ© des quatre forces alliĂ©es qui occupaient l'Allemagne États-Unis, Grande-Bretagne, France et Union soviĂ©tique, concernent des fonctionnaires et des officiers de rang infĂ©rieur, comme les commandants des camps, ainsi que d'autres responsables de crimes ou de persĂ©cutions contre des populations dans les zones dĂ©sormais occupĂ©es par les AlliĂ©s. Entre dĂ©cembre 1946 et 1949[96], tandis que des tribunaux militaires anglais jugent les principaux responsables du camp de RavensbrĂŒck dĂ©cembre 1946-mars 1947, les procureurs amĂ©ricains jugent 177 personnes et condamnent 97 accusĂ©s, dont des mĂ©decins[97], des membres des Einsatzgruppen et du Haut Commandement militaire allemands, ainsi que d'importants industriels allemands. Par ailleurs, de nombreux pays occupĂ©s par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale Pologne, TchĂ©coslovaquie, Union soviĂ©tique, Hongrie, Roumanie, France, etc. jugent des milliers d'accusĂ©s, allemands et collaborateurs nationaux. C’est dans ce cadre que Rudolf Höss, le commandant du camp d’Auschwitz, est livrĂ© par les alliĂ©s au Tribunal national suprĂȘme polonais. CondamnĂ© Ă  mort, il est emmenĂ© Ă  Auschwitz pour son exĂ©cution par pendaison en avril 1947. 2. Le tournant du procĂšs Eichmann avril-dĂ©cembre 1961 Chronologie a. État des lieux Ă  la veille du procĂšs IsraĂ«l compte en 1949 plus de 350 000 survivants du gĂ©nocide, soit un IsraĂ©lien sur trois. Il n'existe alors pas pour autant de rĂ©cits partagĂ©s, individuels ou collectifs, de la Shoah comme ailleurs, les survivants avaient appris Ă  se taire. La fin des annĂ©es 1950 atteste un intĂ©rĂȘt nouveau pour le gĂ©nocide des Juifs. En IsraĂ«l d’abord, oĂč les autoritĂ©s avaient dessinĂ© au fil des annĂ©es un ensemble de dispositions lĂ©gislatives en lien avec le gĂ©nocide 1950 adoption d’une loi destinĂ©e Ă  rĂ©primer les crimes commis durant la pĂ©riode nazie[98]. 1953 adoption d’une loi actant la crĂ©ation du mĂ©morial de Yad Vashem. 1953 crĂ©ation du titre de Juste -Vocabulaire parmi les nations » pour ceux qui avaient, au pĂ©ril de leur vie et sans compensation financiĂšre, sauvĂ© des Juifs. 1959 crĂ©ation du Yom Hashoah, le jour de la Shoah 8 avril[99]. Cet intĂ©rĂȘt nouveau pour le gĂ©nocide se manifeste aussi hors d’IsraĂ«l de diverses maniĂšres, par exemple en France[100], ou encore en Allemagne c'est le procureur gĂ©nĂ©ral de l'État de Hesse Fritz Bauer[101] qui signale aux autoritĂ©s israĂ©liennes dĂ©cembre 1959 la prĂ©sence d’Adolf Eichmann Ă  Buenos Aires, sous une fausse identitĂ©. b. Le procĂšs Eichmann RepĂšre En mai 1960, Eichmann est repĂ©rĂ© en Argentine et enlevĂ© par les services secrets israĂ©liens, qui le transportent en IsraĂ«l pour y ĂȘtre jugĂ©. En mĂȘme temps qu'on prĂ©pare le procĂšs, on organise sa mĂ©diatisation rĂ©partition des places[102], communication. David Ben Gourion, le Premier ministre israĂ©lien, considĂšre ce procĂšs comme le Nuremberg du peuple juif » et souhaite en faire un Ă©vĂ©nement mĂ©diatique Ă  des fins de politique intĂ©rieure comme de politique internationale. Pour les trĂšs nombreux journalistes, une salle de presse avec tĂ©lĂ©scripteurs, tĂ©lĂ©phones, circuit intĂ©rieur de tĂ©lĂ©vision a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e. Tous les jours, les minutes du procĂšs leur sont distribuĂ©es en quatre langues hĂ©breu, allemand, anglais, français. Le procĂšs est presque intĂ©gralement filmĂ© pour les tĂ©lĂ©visions du monde entier[103], par quatre opĂ©rateurs israĂ©liens formĂ©s et supervisĂ©s par le documentariste amĂ©ricain Leo Hurwitz, qui bĂ©nĂ©ficie d'Ă©quipements Ă  la pointe du progrĂšs premiers magnĂ©toscopes Ă  l'Ă©poque, camĂ©ras Marconi. Le procĂšs s'ouvre le 11 avril 1961. Il est prĂ©sidĂ© par trois juges Moshe Landau, Benjamin Halevy et Yitzhak Raveh. Le procureur est Gideon Hausner, et Adolf Eichmann est dĂ©fendu par l'avocat allemand Robert Servatius. Dans son rĂ©quisitoire, le procureur prĂ©sente Eichmann comme l’architecte » d’un gĂ©nocide au fonctionnement parfaitement centralisĂ©, avec des directives partant de Berlin vers les lieux de mise Ă  mort une vision aujourd'hui obsolĂšte, et un monstre dĂ©cisionnaire de toute l'entreprise d'extermination[104]. Il a surtout dĂ©cidĂ© de faire reposer l'acte d'accusation non seulement sur les piĂšces Ă  conviction, mais aussi sur les dĂ©positions des tĂ©moins 111 dĂ©positions, dont beaucoup n’avaient eu aucun rapport direct avec Eichmann ou ses actes[105] le procĂšs Eichmann marque ainsi l'avĂšnement du tĂ©moin. D’ailleurs, aprĂšs le procĂšs, la collecte et la publication des souvenirs de survivants se multiplient. Geoffrey Hartman dirige la premiĂšre collecte de tĂ©moignages de survivants enregistrĂ©s en vidĂ©o[106], la Fortunoff Video Archive for Holocaust Testimonies de l'universitĂ© de Yale oĂč il enseignait la littĂ©rature comparĂ©e[107]. Eichmann comparaĂźt pour quinze chefs d'accusation, qui peuvent ĂȘtre regroupĂ©s en quatre catĂ©gories crimes contre le peuple juif chefs d’inculpation 1-4 ; crimes contre l’humanitĂ© 5-7, 9-12 ; crimes de guerre 8 ; participation Ă  une organisation hostile 13-15. La ligne de dĂ©fense d’Adolf Eichmann consiste Ă  affirmer n'avoir rien fait d'autre qu’obĂ©ir aux ordres. DĂ©clarĂ© coupable pour tous les chefs d'inculpation aprĂšs un procĂšs qui dure huit mois, il est condamnĂ© Ă  mort en premiĂšre instance le 11 dĂ©cembre 1961 -verdict confirmĂ© en appel le 28 mars 1962. AprĂšs le rejet de son recours en grĂące auprĂšs du prĂ©sident israĂ©lien, Yitzhak Ben-Zvi, Eichmann est pendu le 31 mai 1962, dans la cour de sa prison. c. Un effet de catalyseur Le procĂšs est un Ă©vĂ©nement mĂ©diatique mondial. En faisant pour la premiĂšre fois du gĂ©nocide des Juifs une entitĂ© distincte de la criminalitĂ© nazie dans la Seconde Guerre mondiale, le procĂšs Eichmann crĂ©e une demande sociale de tĂ©moignage et installe la Shoah dans l’histoire, dans la conscience collective, et dans l'espace public. Au-delĂ  d'IsraĂ«l, oĂč s’opĂšre une vĂ©ritable catharsis[108], mais aussi aux États-Unis oĂč vit la communautĂ© juive la plus nombreuse et en Europe, on assiste Ă  la faveur du procĂšs Eichmann Ă  une cristallisation de la mĂ©moire de la Shoah. IsraĂ«l s’impose alors comme le centre de la mĂ©moire du gĂ©nocide[109], et comme le protecteur de tous les Juifs du monde -Cf. loi de 1950 selon laquelle la nation israĂ©lienne jugeant des crimes contre le peuple juif » n'est pas diffĂ©rente, par exemple, de la nation française jugeant des crimes contre les Français ou de la nation polonaise jugeant des crimes contre les Polonais. Les choses changent lentement Ă  la fin des annĂ©es 1970. Le centre de la mĂ©moire se dĂ©place insensiblement d'IsraĂ«l vers les États-Unis en s'amĂ©ricanisant et en s'universalisant. Les États-Unis sont dĂ©sormais un pays oĂč les chaires d’ Holocaust studies » et les mĂ©moriaux se comptent par centaines, un pays qui produit, avec l'Allemagne, les recherches historique les plus importantes, un pays aussi dans lequel l' Holocauste » a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© Ă  la culture et Ă  l'ethos national. Ce procĂšs dessine les modalitĂ©s de la prĂ©sence de la Shoah dans l'espace public et les thĂšmes des dĂ©bats pour les dĂ©cennies Ă  venir ImprescriptibilitĂ© des crimes contre l'humanitĂ© Ă  l'approche de la date fatidique de 1965 vingt ans aprĂšs Nuremberg, on s'Ă©meut Ă  l'idĂ©e que certains criminels pourraient rĂ©apparaĂźtre sans ĂȘtre l'objet d'aucun jugement. À des dates variables 1964 pour la France par dĂ©cision unanime du Parlement, le crime contre l'humanitĂ© devient imprescriptible. Multiplication des procĂ©dures juridiques en Allemagne, contre les plus proches collaborateurs d’Eichmann[110], contre des nazis affectĂ©s aux camps d'Auschwitz[111]... 3. AprĂšs Eichmann, la multiplication des procĂšs AprĂšs le Tribunal militaire de Nuremberg, d'autres procĂšs ont Ă©tĂ© organisĂ©s contre les criminels de guerre nazis. Toutefois le contexte de la guerre froide, les enjeux liĂ©s Ă  la reconstruction de l'Europe et des prĂ©occupations politiques limitent la portĂ©e de la justice mise en Ɠuvre contre les criminels nazis[112]. Certains gouvernements, des descendants de victimes ou des associations participent Ă  la traque contre l'impunitĂ©[113], et contribuent Ă  sensibiliser l'opinion publique. De nouveaux procĂšs marquent alors une rupture historique et mĂ©morielle, contribuant Ă  la transmission d'une mĂ©moire juive de la dĂ©portation et accordant une place centrale aux tĂ©moins. La RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne amorce dĂšs les annĂ©es 1950 un processus de rĂ©parations envers les victimes juives[114] -et non aux Tsiganes, sous prĂ©texte qu’ils auraient Ă©tĂ© persĂ©cutĂ©s comme asociaux » et non au titre des lois raciales. Bon nombre de criminels nazis Ă©chappent encore Ă  la justice et la sociĂ©tĂ© allemande semble longtemps peu disposĂ©e Ă  faire face Ă  son passĂ©. La crĂ©ation, en 1958, du Service central d’enquĂȘte sur les crimes nationaux-socialistes -Vocabulaire de Ludwigsburg permet de nouvelles enquĂȘtes. En 1961, le juif autrichien Simon Wiesenthal, survivant de la Shoah, fonde Ă  Vienne un centre de documentation chargĂ© de traquer les criminels en fuite. En France, malgrĂ© la reconnaissance de l'imprescriptibilitĂ© du crime contre l'humanitĂ© en 1964, ce n'est que dans les annĂ©es 1980 que sont engagĂ©es des procĂ©dures judiciaires contre certains responsables des persĂ©cutions antisĂ©mites. AprĂšs la condamnation de Klaus Barbie -RepĂšre + les procĂšs engagĂ©s contre des Français collaborateurs Maurice Papon, Paul Touvier -RepĂšre sont trĂšs mĂ©diatisĂ©s et marquent une Ă©tape importante dans l'Ă©volution de la mĂ©moire de la France occupĂ©e -mĂȘme si l’intĂ©rĂȘt de ces procĂšs peut ĂȘtre interrogĂ© La justice et l’histoire + Faut-il encore juger des criminels nazis ? C. Les gĂ©nocides de la Seconde Guerre mondiale dans la littĂ©rature et le cinĂ©ma La production culturelle est dans une large mesure le miroir des tensions et des traumatismes qui traversent les sociĂ©tĂ©s contemporaines. Il est donc logique que des expĂ©riences aussi paroxysmiques que les gĂ©nocides de la Seconde Guerre mondiale marquent de leur empreinte la crĂ©ation littĂ©raire et cinĂ©matographique. Que nous rĂ©vĂšle la production cinĂ©matographique et littĂ©raire sur notre rapport Ă  ce passĂ© ? 1. GĂ©nocides et littĂ©rature DĂšs le lendemain de la guerre se pose la question de la transmission. De nombreux survivants prennent la parole et Ă©crivent. Certains ouvrages relĂšvent du tĂ©moignage explicite, d'autres utilisent le mode de la fiction. Toutefois le langage ne permet pas toujours d'exprimer la violence vĂ©cue et d'ĂȘtre entendu. Le nombre de publications connaĂźt une augmentation Ă  partir du milieu des annĂ©es 1970. D'anciens ouvrages sont rééditĂ©s, des tĂ©moignages nouveaux apparaissent, la littĂ©rature s'empare davantage de la Shoah comme sujet de fiction. Les Ɠuvres abordĂ©es ici n’en sont qu’un Ă©chantillon Ă©videmment non exhaustif, destinĂ© Ă  fournir des exemples significatifs, mais susceptible d’ĂȘtre complĂ©tĂ© et enrichi[115]. a. Si c’est un homme Primo Levi, 1947 Le succĂšs tardif de Si c’est un homme- Comme le montre l’exemple de Primo Levi, les survivants des camps nazis ont bien cherchĂ© Ă  tĂ©moigner de l’enfer qu’ils avaient vĂ©cu dĂšs les lendemains de la guerre. Les conditions de vie restant toutefois trĂšs difficiles dans les annĂ©es qui suivent la guerre, les contemporains ont d’autres prioritĂ©s et la mĂ©moire de la Seconde Guerre mondiale est avant tout centrĂ©e sur celle des combattants et des rĂ©sistants, refoulant celle des dĂ©portĂ©s raciaux ». Parmi les dĂ©portĂ©s revenus de l’enfer concentrationnaire, les juifs sont trĂšs minoritaires et beaucoup d’entre eux doivent surmonter le sentiment de culpabilitĂ© d’avoir survĂ©cu. La parole des dĂ©portĂ©s ne se rĂ©pand donc guĂšre au-delĂ  du cercle restreint des associations juives de survivants. PubliĂ© dĂšs 1947, le livre de Primo Levi ne connaĂźt ainsi qu’une diffusion trĂšs limitĂ©e dans un premier temps. Ce n’est qu’à partir de la fin des annĂ©es 1950 que l’opinion se montre plus rĂ©ceptive au rĂ©cit des survivants. En 1958, la seconde publication de Si c’est un homme par un grand Ă©diteur italien Einaudi, le Gallimard italien », qui l’avait refusĂ© initialement rencontre une plus large diffusion d’abord en Italie puis Ă  l’échelle internationale dans les annĂ©es 1980, et accĂšde Ă  une large reconnaissance comme l’un des plus grands tĂ©moignages littĂ©raires sur la Shoah. Pendant tout ce temps, Primo Levi joue le rĂŽle de l’infatigable tĂ©moin, se rendant dans les Ă©coles, et poussant aussi loin que possible – souvent seul – sa rĂ©flexion sur la dĂ©portation. Il profitera peu de cette reconnaissance tardive en 1987, ĂągĂ© de 66 ans, dĂ©pressif, il a de moins en moins la force d’expliquer l’inexplicable et se suicide en se jetant dans la cage d’escalier de son immeuble turinois. b. Vie et Destin Vassili Grossman, 1961 Construit sur le modĂšle de Guerre et paix de TolstoĂŻ, le livre retrace le destin d’une famille pendant la guerre. De Moscou aux ruines de Stalingrad, des ghettos ukrainiens au goulag, des champs de bataille aux chambres Ă  gaz, c’est une grande Ă©popĂ©e Ă©crite Ă  hauteur d’hommes, peuplĂ©e de hĂ©ros ordinaires et de tyrans, de personnages historiques et d’anonymes. Grossman, qui fut longtemps un Ă©crivain zĂ©lĂ© au service de la construction de l’homme soviĂ©tique il est reporter de guerre pour le journal L’étoile rouge et l’auteur en 1942 du roman patriotique Le peuple est immortel, [
] expose les rouages de l’implacable machine totalitaire et dĂ©nonce la perversion de l’idĂ©al de 1917, Ă©tablissant un parallĂšle entre nazisme et stalinisme. C’est Ă©galement le roman d’un homme qui a redĂ©couvert sa judĂ©itĂ© aprĂšs l’assassinat de sa mĂšre par les Einsatzgruppen en Ukraine en septembre 1941, et qui livre quelques-unes des pages les plus bouleversantes jamais Ă©crites sur la Shoah[116]. c. Maus Art Spiegelman, 1986 La Shoah en bande-dessinĂ©e- Le dessinateur amĂ©ricain Art Spiegelman rapporte le rĂ©cit de la vie de son pĂšre, dĂ©portĂ© Ă  Auschwitz avant d’émigrer aux États-Unis. Ce pĂšre n’avait consenti qu’avec rĂ©ticence Ă  Ă©voquer son passĂ© douloureux. La narration entremĂȘle deux Ă©poques, celle de la guerre et celle pendant laquelle Art Spiegelman plonge dans l’histoire de sa famille en interrogeant son pĂšre. ConstituĂ© de planches en noir et blanc, Maus reprĂ©sente les juifs en souris et les nazis en chats, d’oĂč le titre de l’ouvrage. Il a Ă©tĂ© publiĂ© en sĂ©rie de 1980 Ă  1991 dans une revue avant-gardiste de comics fondĂ©e par Art Spiegelman et sa femme. La sĂ©rie a Ă©tĂ© ensuite rĂ©unie en un mĂȘme ouvrage, qui, fait sans prĂ©cĂ©dent pour une bande dessinĂ©e, obtient le prix Pulitzer aux États‑Unis en 1992. Le succĂšs de cet ouvrage participe de l’intĂ©gration de la Shoah, jusqu’alors perçue comme un Ă©vĂ©nement principalement europĂ©en, Ă  la mĂ©moire amĂ©ricaine. 2. GĂ©nocides et cinĂ©ma La production cinĂ©matographique au sujet du gĂ©nocide des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale est abondante. a. Du documentaire
 Les Ă©crans sont aussi un support d'histoire et de mĂ©moire. À l'origine, les actualitĂ©s cinĂ©matographiques et les cinĂ©astes mobilisent les images d'archives pour rendre compte. Ces images accompagnent les procĂ©dures judiciaires et sont une source d'histoire comme l'illustre le film Nuit et Brouillard d'Alain Resnais. Nuit et Brouillard Alain Resnais, 1955 Le documentaire tire son nom du programme hitlĂ©rien Nacht und Nebel, lui-mĂȘme baptisĂ© ainsi en souvenir de la mythologie allemande, revisitĂ©e par Wagner[117]. Hitler reprend cette expression pour dĂ©signer le programme visant Ă  dĂ©porter et faire disparaĂźtre les opposants au rĂ©gime sans laisser de trace. CommandĂ© en 1954 par le ComitĂ© d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, le film 32 min associe documents d'archives en noir et blanc, images en couleur tournĂ©es Ă  Auschwitz. Le commentaire en voix off Ă©crit par jean Cayrol, ancien rĂ©sistant dĂ©portĂ© Ă  Mauthausen, est dit de façon dĂ©tachĂ©e par Michel Bouquet. Le film joue un rĂŽle essentiel dans la reprĂ©sentation du systĂšme concentrationnaire nazi, mais ne distingue pas les camps de concentration » des camps d'extermination ». À cet Ă©gard, il est conforme Ă  la vision de la dĂ©portation essentiellement politique et rĂ©sistante qui dominait dans les annĂ©es 1950-1960. MalgrĂ© les nombreuses images qui l'Ă©voquent, le sort des dĂ©portĂ©s juifs ou tsiganes n'est pas prĂ©sentĂ© spĂ©cifiquement. b. 
Au tĂ©moignage
 En mĂȘme temps s'impose progressivement la figure du tĂ©moin et du survivant. Mise en avant en 1969 par Marcel OphĂŒls dans Le chagrin et la pitiĂ©, elle est Ă©galement centrale dans Shoah de Claude Lanzmann en 1985. Le chagrin et la pitiĂ© Marcel OphĂŒls, 1969 Marcel OphĂŒls fait la chronique d’une ville française sous l’Occupation, Clermont-Ferrand, reprĂ©sentative de l’époque. Il s’agit en effet d’une ville Ă  la fois occupĂ©e, pĂ©tainiste et qui a servi de plaque tournante Ă  la RĂ©sistance. À ce titre, elle illustre parfaitement la complexitĂ© de la rĂ©alitĂ© française. Le cinĂ©aste a rĂ©alisĂ© quatre heures et demie d’un montage de documents divers interviews, actualitĂ©s, photos, discours, montage dont la cohĂ©rence s’impose peu Ă  peu aux yeux du spectateur. Son documentaire, initialement destinĂ© Ă  l’ORTF, ne sera finalement diffusĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision qu’aprĂšs 1981[118]. Shoah Claude Lanzmann, 1985 Shoah 1985, le dĂ©fi » de Claude Lanzmann- C’est un film au prĂ©sent et en couleurs, qui offre une tout autre violence que celle du spectacle des charniers neuf heures de tĂ©moignages directs. DiffĂ©rentes catĂ©gories de tĂ©moins sont prĂ©sentes des survivants encore hallucinĂ©s par ce qu’ils ont vĂ©cu, des anciens SS niant toute responsabilitĂ©, des Polonais d’Auschwitz ou de Birkenau, enfin des rescapĂ©s ayant appartenu aux Sonderkommandos tĂ©moignant des atrocitĂ©s qu’ils ont vues. PrĂ©parĂ© et filmĂ© pendant douze ans, ce film est un combat contre le temps et l’oubli[119] ; il s’emploie Ă  abolir le temps, Ă  ressusciter l’évĂ©nement dans toute son horreur. Le gĂ©nocide est un crime tellement inouĂŻ qu’il est entrĂ© dans la lĂ©gende, et Claude Lanzmann a voulu l’en sortir et lui redonner toute sa rĂ©alitĂ© concrĂšte, en nous transportant sur les lieux faussement tranquilles oĂč vivent encore les tĂ©moins et les acteurs du massacre. Faire parler ces tĂ©moins malgrĂ© leur souffrance, c’est retrouver la conscience vivante des crimes passĂ©s et enfouis dans les mĂ©moires. La mĂ©thode Lanzmann s’inspire de celle de Marcel OphĂŒls, mais la radicalise et la sublime. Le cinĂ©aste pousse ainsi les tĂ©moins jusque dans leurs derniers retranchements, arrachant des paroles involontairement auto-accusatrices aux Polonais et aux anciens nazis et des souvenirs torturants Ă  certains survivants. Personne ne rencontre personne dans Shoah, mais les tĂ©moignages se rĂ©pondent et s’enchaĂźnent grĂące Ă  un montage gĂ©nial qui restitue l’effroyable engrenage. On peut reprocher Ă  C. Lanzmann d’avoir torturĂ© les survivants de camps par ses questions[120], mais il leur fait prendre conscience de l’importance de leur tĂ©moignage, du rĂŽle qu’ils assument dans le grand processus de la reconstitution et de la mĂ©moire. Shoah est une incomparable leçon d’histoire et une initiation parfaite Ă  la mĂ©thode de la recherche historique. Mais il pose Ă©galement le problĂšme sensible du documentaire, qui, loin d’ĂȘtre enregistrement pur et simple de la rĂ©alitĂ©, est toujours prĂ©paration, rĂ©pĂ©tition, mise en scĂšne. Si les images du film ressemblent Ă  des images vidĂ©o, apparemment filmĂ©es sur le vif, il faut savoir qu’elles ne le sont pas. Le montage est la signature de ce film, qui est Ă  la fois une preuve irrĂ©futable, un irremplaçable document historique et un hommage Ă  tous ces hommes et ces femmes disparus dont le souvenir devrait servir Ă  rendre impossible le retour de telles horreurs. Mais surtout c’est un chef-d’Ɠuvre du septiĂšme art, dont la forme a Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă©laborĂ©e de maniĂšre Ă  ĂȘtre la mieux adaptĂ©e possible Ă  son contenu et Ă  son message, ce qui explique son efficacitĂ©. c. 
puis Ă  la fiction Les gĂ©nocides de la Seconde Guerre mondiale ont Ă©tĂ© le support d’une trĂšs importante et trĂšs diverse production de fictions, qui a suscitĂ© de riches dĂ©bats sur la question de la reprĂ©sentation de l’horreur est-ce acceptable » ? Cela ne conduit-il pas Ă  une banalisation ou une esthĂ©tisation de la violence ? et du genre que cette reprĂ©sentation pouvait prendre peut-on produire des comĂ©dies sur ce thĂšme ?[121]. Au revoir les enfants Louis Malle, 1987 Louis Malle Ă©voque dans ce film largement autobiographique sa scolaritĂ© pendant la Seconde Guerre mondiale dans une Ă©cole catholique et son amitiĂ© avec un jeune juif, cachĂ© par les prĂȘtres au pĂ©ril de leur vie. C’est sans doute ce matin glacial de 1944 oĂč, dans le collĂšge des Carmes d’Avon, prĂšs de Fontainebleau, les Allemands sont venus chercher son camarade et l’ont emmenĂ© sous ses yeux qui est Ă  l’origine de sa vocation cinĂ©matographique. Dans Au revoir les enfants, Louis Malle essaie de transmettre sa vision du monde et de montrer la brutale destruction du paradis de l’enfance. Le monde des adultes, c’est d’abord la souffrance d’ĂȘtre sĂ©parĂ© de sa mĂšre, mais c’est surtout la guerre pĂ©nĂ©trant sans crier gare dans ce collĂšge qui semblait si bien protĂ©gĂ©. C’est la maturitĂ© acquise par la rupture brutale d’une belle amitiĂ© et la dĂ©couverte du rĂŽle hĂ©roĂŻque jouĂ© par le pĂšre Jean. La Liste de Schindler, 1993 Un hĂ©ros hollywoodien Oskar Schindler- Le succĂšs planĂ©taire[122] du film de Steven Spielberg illustre le phĂ©nomĂšne d’amĂ©ricanisation de la Shoah qui s’est accompli depuis les annĂ©es 1970[123]. L’Holocauste », selon le terme consacrĂ© aux États-Unis -RepĂšre occupe dĂ©sormais une place prĂ©dominante dans la mĂ©moire collective amĂ©ricaine du XXe siĂšcle. La paternitĂ© de l’expression amĂ©ricanisation de la Shoah » est du reste revendiquĂ©e par l’ancien prĂ©sident de la fondation créée par Steven Spielberg, Michael Berenbaum Survivors of the Shoah Visual History Foundation On a pris un Ă©vĂ©nement europĂ©en et on l’a intĂ©grĂ© dans la culture amĂ©ricaine, la culture populaire ». La reprĂ©sentation de la Shoah au cinĂ©ma est ainsi adaptĂ©e aux attentes d’un public amĂ©ricain le hĂ©ros du film est un bon Allemand », un Juste -Vocabulaire qui a sauvĂ© des centaines de vies juives -conformĂ©ment aux normes du cinĂ©ma hollywoodien le film met en avant des valeurs positives, l’issue ne doit pas en ĂȘtre dĂ©sespĂ©rante. La derniĂšre sĂ©quence du film met en scĂšne les vrais survivants sauvĂ©s par Schindler, accompagnĂ©s des acteurs qui interprĂštent leur personnage dans le film, venus rendre hommage au Juste sur sa tombe Ă  JĂ©rusalem. Sur la musique de la cĂ©lĂšbre chanson Jerusalem of Gold, la sĂ©quence passe du noir et blanc Ă  la couleur, comme pour sortir des tĂ©nĂšbres du passĂ© un message d’espoir pour aujourd’hui. Le fils de Saul Laszlo Nemes, 2015 Une reconstitution ultrarĂ©aliste Le fils de Saul de Laszlo Nemes- Le plus important film d'histoire de ces derniĂšres annĂ©es[124], Le Fils de Saul, est l'Ɠuvre de Laszlo Nemes, un jeune rĂ©alisateur hongrois qui a passĂ© sa jeunesse Ă  Paris. Laszlo Nemes porte Le Fils de Saul pendant cinq ans, depuis qu'il a dĂ©couvert Des voix sous la cendre 2005, recueil de tĂ©moignages Ă©crits par des membres des Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau[125], enterrĂ©s, cachĂ©s en 1944, retrouvĂ©s des annĂ©es plus tard. Ils y dĂ©crivent leur labeur quotidien, l'organisation du travail, les rĂšgles de fonctionnement du camp et de l'assassinat des dĂ©portĂ©s, la mise en place d'une rĂ©sistance. Le 7 octobre 1944, la rĂ©volte des Sonderkommandos est rĂ©primĂ©e dans le sang, les SS en exĂ©cutant 400 membres en quelques heures. C'est durant ces semaines que prend place le film de Laszlo Nemes. Saul voit tout cela par bribes, et le spectateur doit lui aussi comprendre par fragments. Ce qui fait sens est ce que Saul peut, tout seul, opposer Ă  l'usine de mort cet homme identifie son » fils parmi les victimes[126], et veut lui offrir des funĂ©railles, rĂ©cupĂ©rer et prĂ©server son corps, trouver un rabbin qui dira le kaddish, l'enterrer. Une simple cĂ©rĂ©monie de la mort, un acte qui a du sens, un sens humain, archaĂŻque, un rite sacrĂ© universel qui est Ă  l'origine mĂȘme de la communautĂ© des hommes. Laszlo Nemes rĂ©sout cette question si problĂ©matique Ă  laquelle personne, dans le cinĂ©ma de fiction, n'Ă©tait alors parvenu Ă  apporter une rĂ©ponse satisfaisante[127]. Le cinĂ©aste n'hĂ©roĂŻse personne et ne montre pas tout de l'usine de mort. Le film suit Saul, donc s'arrĂȘte devant la chambre Ă  gaz, puis y entre aprĂšs l'extermination pour effacer les traces. Ce qu'il voit, le film le montre, ni plus ni moins, fuyant tout esthĂ©tisme, tout exercice de style, toute virtuositĂ©. Conclusion RĂ©visions Sujets bac p. 232-233 Conclusion du thĂšme RĂ©visions Grand oral [1] Henry Rousso, Le syndrome de Vichy, de 1944 Ă  nos jours, 1987-1990 [2] H. Rousso, Face au passĂ©. Essais sur la mĂ©moire contemporaine, 2016, [3] Voir le compte-rendu d’Annette Wievorka dans L’Histoire en septembre 2017 n° 439 et le podcast de la Fabrique de l’histoire Quand le XXe siĂšcle invente la notion de crime contre l'humanitĂ© » le 31 octobre 2018 [4] L’expression est apparue durant la PremiĂšre Guerre mondiale, employĂ©e en 1915 par la Russie, la France et le Royaume-Uni avec les massacres des ArmĂ©niens. PrĂ©cisĂ©ment, ont Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©s des crimes contre l’humanitĂ© et la civilisation » et des crimes de lĂšse-humanitĂ© ». [5] Article 6-c. Les Crimes contre l'HumanitĂ© c'est-Ă -dire l'assassinat, l'extermination, la rĂ©duction en esclavage, la dĂ©portation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persĂ©cutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persĂ©cutions, qu'ils aient constituĂ© ou non une violation du droit interne du pays oĂč ils ont Ă©tĂ© perpĂ©trĂ©s, ont Ă©tĂ© commis Ă  la suite de tout crime rentrant dans la compĂ©tence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. [6] Le Tribunal international est habilitĂ© Ă  juger toutes personnes prĂ©sumĂ©es responsables des crimes suivants lorsqu’ils ont Ă©tĂ© commis au cours d’un conflit armĂ©, de caractĂšre international ou interne, et dirigĂ©s contre une population civile quelle qu’elle soit a assassinat ; b extermination ; c rĂ©duction en esclavage ; d expulsion ; e emprisonnement ; f torture ; g viol ; h persĂ©cutions pour des raisons politiques, raciales et religieuses ; i autres actes inhumains. Article 5 du Statut du Tribunal pĂ©nal international pour l’ex-Yougoslavie 1993 [7] Article 7 Crimes contre l'humanitĂ© l. Aux fins du prĂ©sent Statut, on entend par crime contre l'humanitĂ© l'un quelconque des actes ci-aprĂšs lorsqu'il est commis dans le cadre d'une attaque gĂ©nĂ©ralisĂ©e ou systĂ©matique lancĂ©e contre toute population civile et en connaissance de cette attaque a Meurtre b Extermination c RĂ©duction en esclavage d DĂ©portation ou transfert forcĂ© de population e Emprisonnement f Torture g Viol, esclavage sexuel, prostitution forcĂ©e, grossesse forcĂ©e, stĂ©rilisation forcĂ©e h PersĂ©cution de tout groupe ou de toute collectivitĂ© identifiable pour des motifs d'ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste ou en fonction d'autres critĂšres universellement reconnus comme inadmissibles en droit international i Disparitions forcĂ©es de personnes Crime d'apartheid k Autres actes inhumains de caractĂšre analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves Ă  l'intĂ©gritĂ© physique ou Ă  la santĂ© physique ou mentale. [8] RaphaĂ«l Lemkin, le rĂšgne de l’Axe en Europe occupĂ©e, 1944. [9] Cf. [10] RaphaĂ«l Lemkin meurt d’une crise cardiaque en 1959 alors que la France et l’URSS l’ont entĂ©rinĂ©e pour la GB il faut attendre 1970 et les EU 1988. Elle est aujourd’hui ratifiĂ©e par 149 États. [11] Vincent Duclert, Les gĂ©nocides, Documentation Photographique N° 8127, 2019 [12] Cf Annette Wieviorka dans l’Histoire en septembre 2017 n°439 [13] Dominique Fouchard, docteure en histoire, professeure au lycĂ©e article publiĂ© sur le site acadĂ©mique de Paris, Le retour d’une question par son questionnement historiographique » [14] Aux termes d'Ăąpres tractations, l'Allemagne renonce Ă  ĂȘtre prĂ©sente au Maroc, en Ă©change de l’abandon par Paris de 272 000 kmÂČ de territoires d'Afrique Ă©quatoriale, au profit du Cameroun allemand. Un traitĂ© officiel franco-allemand est signĂ© le 4 novembre 1911 Ă  Berlin et laisse les mains libres Ă  la France au Maroc. Ce n'est qu'Ă  ce moment-lĂ  que les bĂątiments allemands quittent dĂ©finitivement la baie d'Agadir, le 28 novembre 1911. [15] Par exemple, la Serbie doit renoncer, sous la pression de Vienne, Ă  annexer l’Albanie, Ă©rigĂ©e en principautĂ© indĂ©pendante. [16] Dans les deux camps, la course aux armements et le renforcement des effectifs disponibles prennent une allure inquiĂ©tante. L'Allemagne augmente son budget militaire dĂšs 1911-1912, et dĂ©cide de faire passer son effectif du temps de paix de 600 000 Ă  800 000 hommes et accĂ©lĂšre son programme d'armement naval. L’Autriche-Hongrie adopte, coup sur coup, deux lois militaires 1912 et 1913 renforcer son dispositif de dĂ©fense, et le parlement français vote en 1913 la loi des trois ans » qui permet de placer 750 000 hommes sur le pied de guerre. Enfin, tandis que chacun des futurs belligĂ©rants accroĂźt et modernise son matĂ©riel de guerre notamment l'artillerie lourde, la Russie Ă©tablit un grand programme de rĂ©organisation de son armĂ©e. [17] La Triplice existe depuis 1882, date Ă  laquelle l’Italie rejoint la Duplice, formĂ©e depuis 1879 par l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne. [18] La Russie et la France sont dĂ©jĂ  alliĂ©es depuis le 27 dĂ©cembre 1893. [19] ScellĂ© en 1904, il rĂšgle les derniers diffĂ©rends coloniaux entre les deux puissances. [20] Jean Baptiste NoĂ© Entre histoire et mĂ©moire la place du passĂ© », Conflits NumĂ©ro spĂ©cial. [21] Toujours votre sociĂ©tĂ© violente et chaotique, mĂȘme quand elle veut la paix, mĂȘme quand est Ă  l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre, comme une nuĂ©e dormante porte l’orage. Messieurs, il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples, c’est abolir la guerre Ă©conomique, le dĂ©sordre de la sociĂ©tĂ© prĂ©sente... » Jean JaurĂšs 1859-1914. [22] Cf. dans chaque camp, l’expression guerre du droit » est employĂ©e dans les deux camps, chacun se plaçant comme le dĂ©fenseur du droit. [23] Pierre Renouvin lui-mĂȘme a signĂ© un article fameux dans la Revue historique, dans lequel il admet qu’on ne peut parler de responsabilitĂ© unilatĂ©rale ». [24] À la fin de la guerre, en dĂ©pit des intentions affichĂ©es par le prĂ©sident Wilson dans ses 14 points », ce sont les vaincus qui sont dĂ©clarĂ©s responsables de la grande Guerre par l’article 231 du traitĂ© de Versailles. Le Royaume-Uni a mĂȘme voulu juger Guillaume II comme criminel de guerre, mais dĂšs 1920 cette idĂ©e est abandonnĂ©e devant le refus des Pays-Bas de l’extrader. [25] Selon l’expression de l’historien Gerhard Hirschfeld. [26] Cf. Le Naour, J. 2014. Les somnambules. ÉtĂ© 1914 comment l'Europe a marchĂ© vers la guerre Christopher Clark, Paris, Flammarion, 2013, 668 pages. Politique Ă©trangĂšre, 11, 216-218. [27] Critique d’AndrĂ© Loez publiĂ© dans Le Monde » le 26 septembre 2013. [28] La guerre du Kosovo achevĂ©e en 1999 n’a pas conduit Ă  la reconnaissance du pays par son adversaire serbe. [29] Selon Serge Berstein et Pierre Milza, Guillaume II ne s’est pas pardonnĂ© d’avoir lĂąchĂ© Vienne en 1913 et prend le risque d’un embrasement gĂ©nĂ©ral ; l’Autriche-Hongrie veut se dĂ©barrasser des aspirations unitaires des Slaves du Sud et l’empereur a pesĂ© le risque guerre locale certaine, guerre europĂ©enne possible ». Du cĂŽtĂ© de l’Entente, la Russie a acceptĂ© le risque d’un conflit gĂ©nĂ©ralisĂ© pour maintenir son influence dans les Balkans ; la France aurait soutenu la Russie la confortant dans sa fermetĂ© ; l’hĂ©sitation de la Grande-Bretagne aurait pu encourager les puissances centrales dans leur politique d’intimidation. [30] Camille le Tallec, L’Allemagne commĂ©more sobrement la premiĂšre Guerre mondiale », La Croix, 2014. [31] Importance de Verdun pour la France qui reste LA » bataille de la guerre 14-18 alors que Britanniques et Allemands lui prĂ©fĂšrent la bataille de la Somme. Le choix des batailles est donc lui-mĂȘme un acte politique. [32] Les 7 autres cercueils sont enterrĂ©s Ă  Verdun. [33] À 8h30 du matin, les troupes prĂ©sentent les armes. Le ministre de la Guerre, Louis Barthou, s’incline devant le cercueil Au nom de la France pieusement reconnaissante et unanime, je salue le Soldat inconnu qui est mort pour elle. » [34] Le symbole familier du coquelicot doit une bonne part de sa cĂ©lĂ©britĂ© au poĂšte et soldat canadien John McCrae. Son poĂšme, Au champ d’honneur, lui fut inspirĂ© par les coquelicots qui poussaient le long du front occidental et auxquels il fait allusion. Le poĂšme dĂ©bute ainsi Au champ d’honneur les coquelicots / Sont parsemĂ©s de lot en lot / prĂšs des croix. » [35] Adeptes ou adversaires de la thĂ©orie de la brutalisation » et de la culture de guerre » -Vocabulaire de la thĂ©orie du consentement » Ă  la violence de guerre
 [36] En France, une grande collecte » est organisĂ©e avec succĂšs pour inciter les gens Ă  venir dĂ©poser leurs archives privĂ©es. [37] De l’Inde Ă  l’Australie, en passant par la Nouvelle-ZĂ©lande, le Canada et mĂȘme l’AmĂ©rique latine. [38] Cf. l’inauguration Ă  Verdun, en 2016, d’un Chemin de mĂ©moire en hommage aux troupes d’outre-mer ». [39] NB. Le forum de la paix de Paris est une initiative visant Ă  permettre Ă  la France d’exercer une influence sur les relations internationales dĂ©fense du multilatĂ©ralisme, Ă©volutions souhaitĂ©es des institutions internationales, sĂ©curisation du cyberespace etc. Les puissances importantes » ont fait le choix de ne pas y ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es, Ă  l’image des États-Unis. [40] Cette situation a obligĂ© l’ambassadeur français Ă  Belgrade, FrĂ©dĂ©ric Mondoloni, Ă  prĂ©senter des excuses et Ă  rappeler le lourd tribut du peuple serbe Ă  la Grande Guerre sur le plateau d’une tĂ©lĂ©vision serbe Franchement, avec le cƓur, pour moi ce qui s’est passĂ© en termes de placement protocolaire dans la tribune, c’est une maladresse regrettable et je prie le prĂ©sident Vucic et le peuple serbe de nous excuser », avait-il dĂ©clarĂ©. [41] Guy PervillĂ©, L’histoire et les mĂ©moires de la guerre d’AlgĂ©rie », Historiens et gĂ©ographes,2012. [42]PrĂ©face du livre-catalogue Notre histoire d’AlgĂ©rie » Ă©ditĂ© lors de l’inauguration Ă  Perpignan du Centre de documentation des Français d’AlgĂ©rie en 2012. [43] Louis Alliot Ă  Perpignan, Robert MĂ©nard Ă  BĂ©ziers ; voire Christian Estrosi Ă  Nice qui a créé en 2009 la JournĂ©e de fĂȘte des pieds noirs et harkis » Au soleil des deux rives ». [44] En effet, de Gaulle ne veut pas les rapatrier en France, car nombre d’entre eux ont pris le parti des putschistes en 1961. [45] Comme celui de Rivesaltes ou Bias ou le quartier de La Condamine Ă  Drap. [46]Cf. [47] Au cours d’un entretien, le gĂ©nĂ©ral Massu a reconnu que la prĂ©sence du contingent condamnait le putsch dĂšs l’origine. [48] Cf. HĂ©lie Denoix de Saint Marc, rĂ©sistant et dĂ©portĂ© Ă  Buchenwald. [49] Entretien avec le gĂ©nĂ©ral Massu. [50] TĂ©moignage de Siari Ouarda Ouanassa dans le journal Le Un » du 17 mars 2021. [51] Citation de Marc Ferro [52] ComplĂ©tĂ©e par les lois de 1964, 1966, 1968. [53] Le MĂ©morial national de la guerre d’AlgĂ©rie et des combats du Maroc et de la Tunisie 1952-1962 a Ă©tĂ© Ă©difiĂ© quai Branly, prĂšs de la Tour Eiffel. ƒuvre de GĂ©rard Collin-ThiĂ©baut, il se compose de trois colonnes alignĂ©es, de prĂšs de 6 mĂštres de haut. Chaque colonne, ornĂ©e d’une couleur du drapeau national, comprend un afficheur Ă©lectronique permettant de faire dĂ©filer la liste des 22 959 soldats français, dont 3 000 harkis, morts pour la France, par ordre chronologique et alphabĂ©tique. Sur la deuxiĂšme colonne dĂ©filent aussi des textes rappelant l’histoire de la guerre d’AlgĂ©rie. La troisiĂšme colonne permet quant Ă  elle de rechercher le nom d’un soldat mort, grĂące Ă  l’utilisation d’une borne interactive. En outre, devant les colonnes, l’inscription suivante est gravĂ©e À la mĂ©moire des combattants morts pour la France lors de la guerre d’AlgĂ©rie et des combats du Maroc et de la Tunisie, et Ă  celle de tous les membres des forces supplĂ©tives, tuĂ©s aprĂšs le cessez-le-feu en AlgĂ©rie, dont beaucoup n’ont pas Ă©tĂ© identifiĂ©s ». [54] Lettre de mission d’Emmanuel Macron Ă  Stora Je souhaite m’inscrire dans une volontĂ© nouvelle de rĂ©conciliation des peuples français et algĂ©riens. Le sujet de la colonisation et de la guerre d’AlgĂ©rie a trop longtemps entravĂ© la construction entre nos deux pays d’un destin commun en MĂ©diterranĂ©e. 
 Le devoir de notre gĂ©nĂ©ration est de faire en sorte qu’ils n’en portent pas les stigmates pour Ă©crire Ă  leur tour leur histoire. Ce travail de mĂ©moire, de vĂ©ritĂ© et de rĂ©conciliation, pour nous-mĂȘmes et pour nos liens avec l’AlgĂ©rie, n’est pas achevĂ© et sera poursuivi. Nous savons qu’il prendra du temps et qu’il faudra le mener avec courage, dans un esprit de concorde, d’apaisement et de respect de toutes les consciences 
 » [55] France-AlgĂ©rie les 22 recommandations du rapport Stora », Le Monde, 20 janvier 2021. Le rapport est consultable dans son intĂ©gralitĂ© sur le site de l’ÉlysĂ©e. [56] Emmanuel Macron a fait cette reconnaissance au nom de la France » et l’a lui-mĂȘme annoncĂ© aux petits-enfants d’Ali Boumendjel en les recevant Ă  l’ÉlysĂ©e. Au cƓur de la Bataille d’Alger, il fut arrĂȘtĂ© par l’armĂ©e française, placĂ© au secret, torturĂ©, puis assassinĂ© le 23 mars 1957. Paul Aussaresses avoua lui-mĂȘme avoir ordonnĂ© Ă  l’un de ses subordonnĂ©s de le tuer et de maquiller le crime en suicide », indique un communiquĂ© de la PrĂ©sidence française. [57] Vincent Martigny, professeur Ă  l’universitĂ© de Nice et Ă  l’école polytechnique, chercheur associĂ© au Cevipol. [58] 
suscitant les critiques de son prĂ©dĂ©cesseur Nicolas Sarkozy Pour qu'une commĂ©moration soit commune, il faut que la date cĂ©lĂ©brĂ©e soit acceptĂ©e par tous. Or, chacun sait qu'il n'en est rien, le 19 mars reste au cƓur d'un dĂ©bat douloureux ». [59] Dans les jours qui suivent ce 19 mars 1962, des harkis sont massacrĂ©s. Le 5 juillet, alors que l'AlgĂ©rie fĂȘte son indĂ©pendance, une manifestation organisĂ©e Ă  Oran dĂ©gĂ©nĂšre en une vĂ©ritable chasse aux EuropĂ©ens. EnlĂšvements, lynchages, exĂ©cutions sommaires font plusieurs centaines de morts. [60] Entretien reproduit dans France Info le 16 fĂ©vrier 2017. [61] La rĂ©sistance de la France Ă  ne pas reconnaĂźtre ses crimes a ses raisons. Elles sont connues de ceux qui ont la nostalgie du passĂ© colonial et l’illusion de l’AlgĂ©rie française », explique M. Belhimer dans un entretien au journal gouvernemental arabophone El Massa Le criminel fait gĂ©nĂ©ralement l’impossible pour Ă©viter d’admettre ses crimes, mais cette politique de fuite en avant ne peut pas durer » [62] Sources et Bessone, Magali. Le Tribunal PĂ©nal International pour l'ex-Yougoslavie la justice en vue de la paix ? », Le Philosophoire, vol. 24, 2005, pp. 51-74. [63] 99,4% des voix dans cette consultation boycottĂ©e par les Serbes de Bosnie. [64] Cf. [65] R. Karadzic et Z. Mladic ont longtemps fui la justice, puis ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les accusĂ©s, qu’ils soient Serbes, Croates ou Bosniaques, se montrent rarement coopĂ©ratifs. Cf. mort spectaculaire du Croate Slobodan Praljak en 2017. [66] Les livres de rĂ©fĂ©rence en histoire HĂ©lĂšne Dumas, Le gĂ©nocide au village, Seuil, 2014 ; Florent Piton, Le gĂ©nocide des Tutsi au Rwanda, La DĂ©couverte, 2018, StĂ©phane Audouin-Rouzeau, Une initiation, Rwanda 1994-2016, le Seuil, 2017. En littĂ©rature Scholastique Mukasonga, Notre-Dame du Nil 2012, Inyenzi ou les cafards 2006, GaĂ«l Faye, Petit pays 2016 ; sur l’opĂ©ration turquoise, une BD La fantaisie des Dieux de Patrick de St ExupĂ©ry et Hippolyte 2014. [67] PrĂ©face de StĂ©phane Audouin-Rouzeau au livre d’HĂ©lĂšne Dumas, Le gĂ©nocide au village, Seuil, 2014. [68] Le Front Patriotique Rwandais, mouvement de guĂ©rilla puis parti politique, apparaĂźt officiellement en dĂ©cembre 1987. La grande majoritĂ© des membres du FPR est issue de la diaspora tutsi qui a fui le Rwanda aprĂšs les massacres de 1959, 1963, 1973 et le noyau de ses dirigeants est issu de la diaspora rwandaise en Ouganda. [69] À ce sujet La France fautive mais pas complice du gĂ©nocide au Rwanda », Courrier international, 27 mars 2021 ; Rwanda la France et les fantĂŽmes du gĂ©nocide des Tutsi », Le Monde, 8 avril 2021 podcast. Cf. Ă©galement les protestations d’Hubert VĂ©drine ex-ministre des Affaires Ă©trangĂšres français, sur l’antenne de France Culture en avril 2021. [70] Gacaca se prononce gatchatcha en kinyarwanda et fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’herbe au sol, au gazon de ces tribunaux qui ont lieu Ă  l’air libre. On peut en quelque sorte les qualifier de champĂȘtres ». [71] HĂ©lĂšne Dumas, Rwanda comment juger un gĂ©nocide ? » IFRI, 2015/ 4 pages 39 Ă  50. [72] Il n’était donc pas rare d’en voir certains ĂŽter leur Ă©charpe d’inyangamugayo avant de rejoindre le groupe des survivants lorsque l’affaire Ă©voquĂ©e concernait la mort de l’un des leurs. [73] HĂ©lĂšne Dumas, Histoire, justice et rĂ©conciliation les juridictions gacaca au Rwanda », Mouvements, 2008/1 n°53, Ă  117 [74] Cette exigence a Ă©galement mis un terme Ă  l’impunitĂ© dont avaient pu bĂ©nĂ©ficier les criminels nazis et leurs complices, d’oĂč la tenue des premiers procĂšs pour crimes contre l’humanitĂ© en France, par exemple. Tel n’était pas encore le cas au dĂ©but des annĂ©es 1960. [75] Ceux commis par les nazis contre les Juifs et les Tziganes, par les Hutu sur les Tutsi, ou encore le gĂ©nocide armĂ©nien commis par les Jeunes-Turcs
 [76] Paul Blobel forme alors un commando pour incinĂ©rer les cadavres Ă  ciel ouvert. Le systĂšme est un temps abandonnĂ© aprĂšs la mise en fonctionnement des fours crĂ©matoires, puis rĂ©appliquĂ© aprĂšs mai 1944, quand les fours se trouvent saturĂ©s ». [77] Le travail des nazis a Ă©tĂ© particuliĂšrement abouti Ă  Belzec, oĂč on ne voit que des champs et des arbres. On voit le danger c’est bien sĂ»r Ă  partir de tels non-lieux que se dĂ©veloppent les nĂ©gationnismes. [78] Cf. Dominique Chevalier, Retour rĂ©flexif sur la construction d’un objet gĂ©ographique mĂ©moriel », GĂ©ographie et cultures, 2015 et Dominique Chevalier and Isabelle Lefort, Le touriste, l’émotion et la mĂ©moire douloureuse », Carnets de gĂ©ographes, 2016. [79] Cf. en plus du mĂ©morial berlinois l’exposition consacrĂ©e Ă  l’internement des nomades en France sur le site du MĂ©morial de la Shoah. [80] MĂ©morial de la Shoah, inaugurĂ© en 1956. [81] MĂ©morial Yad Vashem, ouvert en 1957. [82] United States Holocaust Memorial Museum, fondĂ© en 1993. [83] MusĂ©e juif de Berlin, construit en 2001 et MĂ©morial aux Juifs assassinĂ©s d’Europe inaugurĂ© en 2005. [84] Cf. l’architecte Daniel Libeskind, concepteur du MusĂ©e juif de Berlin 2001. [85] MĂ©morial Yad Vashem Ă  JĂ©rusalem, jardin du Souvenir Ă  Budapest, maison d’Anne Frank Ă  Amsterdam -RepĂšre [86] Dominique Chevalier, Les musĂ©es urbains de la Shoah comme objets d’enjeux gĂ©opolitiques et espace-temps de l’entre-deux. », [En ligne], Travaux, 2014 [87] 
dont la prĂ©servation des ruines d'Oradour-sur-Glane est un autre exemple. [88] Cf. Site officiel. [89] Cf. Site officiel. [90] Cf. Site officiel. [91] Cf. Site officiel. [92] Cf. Site officiel. [93] Cf. article WikipĂ©dia et documentaire de la chaĂźne LCP 2012 [94] Dans ce contexte, la marchandisation intrinsĂšque au tourisme packaging des tours opĂ©rateurs, coĂ»t d’entrĂ©e, produits dĂ©rivĂ©s n’a pas manquĂ© de soulever des controverses de nature Ă©thique et morale peut-on moralement vendre » des artefacts en lien avec ces mĂ©moires traumatiques ? [95] Les crimes de guerre ayant Ă©tĂ© prescrits, les inculpĂ©s ne peuvent plus ĂȘtre jugĂ©s que pour crimes contre l'humanitĂ©, c'est-Ă -dire pour leur implication dans la dĂ©portation et l'assassinat des juifs et des Tsiganes europĂ©ens. [96] À partir de 1949, la RFA et la RDA poursuivent les procĂ©dures en tant qu’États souverains NB entre 1946 et 1949, des tribunaux allemands sont autorisĂ©s Ă  prononcer des sentences sur les crimes commis pendant les par des citoyens allemands contre d'autres ressortissants allemands ou contre des apatrides, par exemple les crimes d'euthanasie. [97] Sont jugĂ©s des mĂ©decins et infirmiers ayant participĂ© Ă  l'exĂ©cution de handicapĂ©s physiques et mentaux allemands et ayant effectuĂ© des expĂ©riences mĂ©dicales sur les dĂ©tenus des camps de concentration. [98] Cette loi introduisait dans le droit israĂ©lien Ă  la fois les qualifications de Nuremberg le crime contre l'humanitĂ© et le crime de guerre, mais elle en crĂ©ait une nouvelle qui fit couler beaucoup d'encre le crime contre le peuple juif », imprescriptible comme le crime contre l’humanitĂ©. À la diffĂ©rence de la Convention de l’ONU sur le gĂ©nocide 1948, qui ne concernait que l'avenir, la loi de 1950 Ă©tait rĂ©troactive, et pouvait juger de faits et de criminels dĂ©jĂ  jugĂ©s auparavant ailleurs. [99] Ce jour-lĂ , toute activitĂ© est interrompue dans le pays Ă  midi pour respecter deux minutes de silence lĂ  oĂč l'on se trouve en souvenir du dĂ©sastre causĂ© au peuple juif par les nazis et leurs collaborateurs » et des actes d'hĂ©roĂŻsme et de rĂ©volte qui se sont produits pendant cette pĂ©riode » [100] AprĂšs la publication remarquĂ©e aux Éditions de Minuit du rĂ©cit autobiographique d'Elie Wiesel La Nuit 1958, Le Dernier des Justes d'AndrĂ© Schwarz-Bart obtient le prix Goncourt 1959 et un grand succĂšs public 1 million d'exemplaires vendus [101] Juif, socialiste, exilĂ© au Danemark puis en SuĂšde dĂšs 1933 aprĂšs avoir Ă©tĂ© rĂ©voquĂ© de son poste de juge et internĂ© en camp de concentration, Fritz Bauer se consacre depuis son retour en Allemagne dĂšs 1949 Ă  la punition des criminels nazis. [102] Le procĂšs se tient dans une salle de spectacle, inaugurĂ©e l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente et transformĂ©e en tribunal pour l'occasion. Un petit nombre de places sont rĂ©servĂ©es aux diplomates 45, au balcon, aux survivants jouissant d'une certaine notoriĂ©tĂ©, aux reprĂ©sentants d'associations ou de centres de recherche comme la Wiener Library Ă  Londres ou le Centre de documentation juive contemporaine Ă  Paris, aux personnalitĂ©s... Les places situĂ©es Ă  l'orchestre sont rĂ©servĂ©es dans leur immense majoritĂ© 450 aux journalistes, israĂ©liens ou Ă©trangers. Comme celui de Nuremberg, ce procĂšs est un must », auquel la fine fleur du journalisme ainsi que quelques intellectuels souhaitent assister. Il y a ceux, comme Joseph Kessel, qui avaient dĂ©jĂ  couvert » Nuremberg ou qui y avaient jouĂ© un rĂŽle comme le procureur amĂ©ricain Telford Taylor. Ceux qui avaient ratĂ© Nuremberg, comme Hannah Arendt. [103] C'est le deuxiĂšme grand procĂšs oĂč des camĂ©ras sont autorisĂ©es aprĂšs celui de Nuremberg. [104] Ce qui ne tenait pas, comme la dĂ©fense et les juges le firent valoir. Eichmann, en revanche, Ă©tait chargĂ© de l’émigration forcĂ©e pour dĂ©judaĂŻser » l’Allemagne rĂ©dacteur en 1940 du plan Madagascar », avant d’ĂȘtre le rĂ©dacteur du procĂšs-verbal de la confĂ©rence de Wannsee janvier 1942, qui dĂ©cide et organise la solution finale » au problĂšme juif, et d’ĂȘtre chargĂ© de l’organisation des convois ferroviaires dĂ©portant les juifs vers les camps de la mort. [105] 
ce qui donne matiĂšre Ă  contestation Ă  la dĂ©fense, mais qui confĂšre au procĂšs Eichmann la dimension d'une prise de parole des survivants jusqu’alors inĂ©dite. [106] C'est lors du procĂšs Eichmann, Ă©crit-il, que je dĂ©couvris pour la premiĂšre fois la puissance du tĂ©moignage personnel. » [107] Bien d'autres collectes seront effectuĂ©es par la suite, la plus importante et la plus cĂ©lĂšbre Ă©tant celle que lança Spielberg aprĂšs la rĂ©alisation de La Liste de Schindler. [108] Plus de 83 000 citoyens israĂ©liens assistent Ă  un moment ou Ă  un autre au procĂšs dans la salle du tribunal ou dans une autre salle, le hall de Ratisbonne, oĂč il Ă©tait retransmis grĂące Ă  un circuit de tĂ©lĂ©vision en direct. [109] La loi de 1953 avait créé la dignitĂ© de Juste parmi les nations, mais c'est dans la foulĂ©e du procĂšs Eichmann que Yad Vashem commence Ă  identifier systĂ©matiquement les Justes -Vocabulaire et Ă  les honorer. [110] Franz Novak qui travailla au cĂŽtĂ© d'Eichmann, notamment pour l'organisation des convois de dĂ©portation, Hermann Krumey qui avait accompagnĂ© Eichmann Ă  Budapest en 1944
 [111] ProcĂšs de Francfort 1963-1965, dont Fritz Bauer fut le procureur. [112] Cf. recrutement de Klaus Barbie par les services secrets des États-Unis. [113] À consulter au sujet des fameux chasseurs de nazis », cette sĂ©rie sur le site de France-Culture. [114] En 1952, elle s’engage Ă  verser des indemnitĂ©s Ă  l’État d’IsraĂ«l et aux juifs de la diaspora. [115] [116] Cf. Ă©galement, le Livre noir rĂ©digĂ© avec Ilya Ehrenbourg sur les massacres perpĂ©trĂ©s par les nazis en Union soviĂ©tique, et dont le projet d’édition sera brutalement interrompu par le rĂ©gime stalinien. [117] Le personnage d’Alberich, Niebelung de L’Or du Rhin pouvait, en coiffant son casque magique, se transformer en colonne de fumĂ©e tandis qu’il chantait Nuit et brouillard, je disparais ». [118] RejetĂ© par la direction de l’ORTF, le film-documentaire connaĂźtra au dĂ©but des annĂ©es 1970 une diffusion assez confidentielle Ă  travers quelques salles de cinĂ©ma d’art et d’essai. [119] 
et contre le nĂ©gationnisme -Vocabulaire [120] La sĂ©quence oĂč le coiffeur Abraham Bomba montre comment il coupait les cheveux de ceux qui allaient Ă  la chambre Ă  gaz restera dans toutes les mĂ©moires comme un moment d’émotion presque insoutenable. [121] Cf. la polĂ©mique qui a suivi la parution du film La vie est belle de Roberto Benigni 1998 Denis Pelletier, La vie est belle de Roberto Benigni », in VingtiĂšme SiĂšcle, revue d'histoire, n°63, juillet-septembre 1999. pp. 145-147. [122] ProjetĂ©e Ă  la tĂ©lĂ©vision, La Liste de Schindler a Ă©tĂ© vue par 65 millions de foyers aux États-Unis, record d’audience de l’histoire de la tĂ©lĂ©vision amĂ©ricaine pour un programme non sportif de 3h30. Le film a rapportĂ© 321 millions de dollars de recettes d’exploitation Steven Spielberg ayant lui‑mĂȘme renoncĂ© Ă  percevoir la moindre rĂ©munĂ©ration pour son travail. [123] C’est en 1973 que les grandes organisations juives amĂ©ricaines ont inscrit pour la premiĂšre fois dans leurs prioritĂ©s la nĂ©cessitĂ© de prĂ©server et de diffuser la mĂ©moire de la Shoah. [124] Antoine de Baecque, Le regard de Saul », L’Histoire n°417, novembre 2015 [125] Auschwitz-Birkenau, le principal des camps d'extermination nazis, fonctionnait comme une usine Ă  produire des cadavres, puis Ă  les Ă©liminer. Lors de l'Ă©tĂ© 1944, elle tourne Ă  plein rĂ©gime les historiens estiment que 10 000 Ă  12 000 dĂ©portĂ©s y sont assassinĂ©s chaque jour. Dans le systĂšme d'extermination nazi, les Sonderkommandos formaient un rouage essentiel de la machine de mort. Leur travail consistait Ă  accompagner les victimes jusqu'aux chambres Ă  gaz en les encadrant et en les rassurant, puis Ă  dĂ©barrasser les cadavres en nettoyant les lieux. Ils Ă©taient eux-mĂȘmes des dĂ©portĂ©s, juifs pour la plupart, sĂ©lectionnĂ©s par les SS Ă  la descente des trains, choisis sur des critĂšres physiques jeunes, en bonne santĂ© selon les besoins. Pour les Sonderkommandos, la tĂąche est Ă©puisante, et ils sont Ă©liminĂ©s rĂ©guliĂšrement par les SS parce que leur rendement faiblit et qu'il ne doit pas rester de trace de l'extermination. [126] Sans qu’il soit dit s'il s'agit d'un fantasme ou d'une vĂ©ritĂ©. [127] Pour Claude Lanzmann, dans une interview donnĂ©e en 2015 Ă  TĂ©lĂ©rama, Le fils de Saul est l’anti-Liste de Schindler J'aime beaucoup Steven Spielberg et ses films mais quand il a rĂ©alisĂ© La Liste de Schindler il n'a pas suffisamment rĂ©flĂ©chi Ă  ce qu'Ă©tait le cinĂ©ma et la Shoah, et comment les combiner. Le Fils de Saul est l'anti-Liste de Schindler. Il ne montre pas la mort, mais la vie de ceux qui ont Ă©tĂ© obligĂ©s de conduire les leurs Ă  la mort. De ceux qui devaient tuer 400 000 personnes en trois ou quatre mois. C'Ă©tait tellement Ă©norme que les fours crĂ©matoires n'y suffisaient pas. Ils se bloquaient et se retrouvaient inaptes Ă  remplir leur fonction. Les nazis avaient alors dĂ©cidĂ© de s'en passer et de creuser, autour des fours, des fosses, dans la terre mĂȘme. Les nouveaux convois qui arrivaient Ă©taient directement conduits dans les fosses. Le film de LĂĄszlĂł Nemes montre cela, Ă  plusieurs reprises des corps nus tirĂ©s et entassĂ©s dont on peut deviner ce qu'ils sont, Ă  la condition de connaĂźtre l'Histoire. » Lannonce est tombĂ©e aujourd'hui : les professeurs vont percevoir un montant supĂ©rieur pour chaque copie corrigĂ©e, pour la correction du baccalaurĂ©at, Ă  compter de cette annĂ©e. L'an passĂ© 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID AUp1T3KECmwWJ3XGdg9iBnaTG6M5eAjACfky1iwN2BciLBpZ-py8UA== JnVRKCI.
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